mardi 29 décembre 2009

Résolution(s)

Ce week-end, j'ai vu mes amis parisiens et enfin j'ai pu leur parler.
Cette étape était décisive, je m'en rends compte à présent, comme si j'avais besoin de leur accord pour me lancer pour de bon dans l'aventure.
Ma résolution a pris du galon et je suis enfin sûr de mon choix. Finalement, ce délai de un an va sauter et dès mon prochain rendez-vous psy, je vais entamer ma quête d'attestation pour avoir les hormones.
2010 est pour moi l'année de ma renaissance. J'ai hâte d'y être. Plus le temps passe, plus il m'est difficile de supporter mon corps dans son état actuel. J'ai beaucoup de mal à sortir non bindé à présent, au point où je me demande si je en vais pas m'outer à la fac, bien que cela me semble toujours à l'heure actuelle une mauvaise idée. Quoiqu'il en soit, je devrais en passer par là si je commence le THS entre le début et la fin de mon stage (fin signifiant soutenance)
Je me rends compte que je ne fais pratiquement plus que cauchemar, et que, bien que je puisse avoir des moments de faiblesse, je ne sombre plus dans le désespoir comme avant, à ces moments atroces où la vie me semblait trop longue et sans solution aucune, pas même la mort. Mes rêves, mes prières vaines.... à présent, j'ai compris que plutôt d'attendre l'intervention d'un hypothétique dieu, mieux valait se prendre en main et tisser soi-même son destin.
Finalement, cette aventure me fait mûrir.

jeudi 17 décembre 2009

Laisser une trace.

Cette nuit, j'ai fait un rêve.
Je me voyais, moi, de dos, un beau dos en V avec deux tatouages sphériques, un en haut, un en bas.
Je crois que la question de marquer ma peau n'a jamais été aussi prégnante qu'en ce moment. Il y a bien dix ans que je rêve de me tatouer, repoussant toujours l'échéance à cause de la difficulté à trouver un motif, puis de la peur de regretter le dessin et le sens donné, ou juste de le trouver raté.
Depuis peu, les choses m'apparaissent plus clairement et je me visualise mieux. Même les motifs, trois pour être précis dont deux dans le dos, me semblent trouvés, choisis, définitivement. Je ne les détaillerai pas pour le moment, j'attends d'être sûr et de toute façon, ça ne sera pas pour tout de suite. Tous trois ont une signification très forte pour moi.
Précisons qu'il y a des années que je suis surpris quand je me vois en photo, que je ne me reconnais pas. J'ai des centaines de clichés de moi à la recherche de qui je suis mais tous sont vains. J'ai le sentiment que depuis peu, cela change, que je sais enfin qui je suis, et cette certitude de motif en est l'illustration.
Hier aussi je me suis plu en me regardant dans le miroir. C'est rare, mais délicieux.
Mon prochain rdv psy est, ô lolitude de la date, le 24 décembre. Je me demande si je ne vais pas commencer à lui parler de l'attestation (pour pouvoir commencer la testo), histoire de tâter le terrain. histoire de continuer ce chemin vers moi-même

jeudi 10 décembre 2009

Contre-coup

D'abord merci à tous ceux aussi, par le blog ou ailleurs, me soutiennent et me rassurent en post-coming-out.
Je m'explique car il me semble que cette situation est importante.
Dans mon billet précédent, je disais que mon coming-out auprès de ma mère s'était bien passé, et c'est toujours le cas. L'enthousiasme est à mitiger cependant, et je tenais à l'évoquer car ça peut arriver à n'importe lequel d'entre nous (ça fait secte, cette expression)
Ne pas paniquer. Tout se passe toujours bien mais j'ai appris par mon frère que lui-même et ma mère avaient pleuré suite à mon départ, après l'annonce faite à ma mère.
Ils ont peur, tout simplement. Peur que je fasse une erreur, peur que j'aie des regrets, peur des hormones, de la chirurgie, peur du regard des autres sur moi pendant la transition et que je ne le supporte pas ou que j'ai des problèmes d'intégration.
Malgré tout, quoiqu'il arrive, ils me soutiendront, mais je pense qu'il est important de bien rappeler à chacun que cette annonce n'est pas anodine et qu'elle change la vie de nos proches également.
Les meilleurs armes restent le dialogue, le temps et l'indulgence.
Répondre à toutes leurs questions, même si elles sont maladroites (auquel cas leur expliquer pourquoi)
Laisser le temps à chacun de comprendre et d'accepter
Laisser à nos proches le droit à l'erreur, de se tromper de pronoms ou autre. Tant que ce n'est pas du déni pur et simple, du genre je t'offre une jupe et des talons aiguilles, il faut leur laisser le droit de chercher leurs propres mots, de réinventer le code du langage. Est-ce vraiment facile de dire "il" à leur sœur, leur fille, leur femme ? Il ne sert à rien de se sentir blessé, juste leur rappeler gentiment et tout se passe au mieux.
*** (oh des étoiles !***
Oui, une petite césure afin de passer un autre sujet pour lequel je ne ferai pas un post de plus.
Mon rendez-vous psy du jour a été très intéressant, davantage dans le dialogue qu'il ne l'a jamais été.
Déjà, on a papoté coupe de cheveux, parce qu'avec les cheveux courts ils sont blonds alors qu'ils deviennent sombres en étant plus longs. C'est un détail anodin que cet échange, mais je trouve que ça dénote une sympathie mutuelle qui s'installe.
Je lui ai également expliqué comment se passait le changement d'état-civil, à sa demande. Il semble ne pas du tout être d'accord avec l'idée de stérilisation forcée et m'a parlé de Thomas Beatie, FtM connu pour avoir eu une grossesse. Il trouvait ça intéressant et était totalement pour. Il a aussi déploré que mon compagnon et moi ne pourrons pas nous marier un jour si nous le souhaitons !
Franchement, je crois avoir trouvé une perle !

mardi 8 décembre 2009

Auprès de ma mère...

*air connu*
"Auprès de ma mère,
Qu'il fait bon, fait bon, fait bon,
Auprès de ma mère,
Qu'il fait bon grandir !"
Bon, ok, on va oublier les centimètres pour grandir, mais mon moi profond le fait lui.
Samedi, enfin, j'ai osé parler à ma mère de cette situation qui me bouffe le cœur depuis si longtemps.
Elle était seule à la maison, alors j'en ai profité. Je lui ai demandé de s'asseoir...
Moi : "Maman, j'ai quelque chose à te dire de très important. quelque chose qui va transformer ma vie et dont tu n'es absolument pas responsable. D'abord il faut que tu saches que je t'aime, même si je ne te le dis jamais. C'est très important. Et quoi que je fasse aujourd'hui, cet état de fait ne changera pas. Il faut que tu saches que je vais bien, même mieux que jamais car j'ai toujours le nœud de ma dépression"
Elle : "C'est vrai qu'il y a longtemps, beaucoup trop longtemps que tu ne vas pas bien."
Moi : "Je vais enfin te dire pourquoi je dois voir un psychiatre. Celui-ci confirme que je suis réfléchi et bien dans ma tête. Ce que j'ai à te dire est très dur. D'ailleurs, je sens déjà que je vais pleurer"
Je me ressaisis, ce n'est pas encore le moment, je ne me souviens plus exactement des mots, bien sûr, mais cela donnait à peu près ça.
Moi : "Il faut que tu saches que je n'ai jamais été à l'aise avec mon identité, même si j'ai fait des efforts ces derniers temps pour vivre en tant que femme. Au fond de moi, je suis un garçon, et j'ai décidé à présent de vivre pleinement cette identité. Je sais que ça peut être difficile à concevoir, mais c'est ce qui sera le mieux pour moi. Il faut que tu le saches car je ne peux plus faire semblant, mais j'ai tellement peur de te perdre que je n'ai jamais osé en parler avant."
Un moment de silence, bref, mais qui me semble interminable.
Elle :"J'avais deux fils et une fille, maintenant j'ai trois garçons."
Je vous épargne la suite de l'entretien. Elle l'a pris de façon sublime, simple et naturelle. J'ai pleuré dans ses bras J'ai enfin pu lui dire à quel point je l'aimais, à quel point point elle était importante pour moi. La seule chose qui l'a inquiétée fut de savoir comment avait réagi mon compagnon. Elle a été soulagée d'apprendre qu'il l'acceptait parfaitement.
Je ne peux pas encore mesurer le soulagement ressenti et plus encore la force qu'elle m'a donné pour continuer mon parcours. C'est à ce moment précis que je me suis senti légitime et fier de qui je suis. J'ai le sentiment que ce 5 décembre est une date primordiale, comme si elle représentait vraiment le début de tout.
Je sais que j'ai de la chance, énormément de chance,et je souhaite la même chose à quiconque. J'espère que mon témoignage pourra donner le courage à d'autres de faire ce que moi je regrette d'avoir si tard.

lundi 30 novembre 2009

Et si...

Et si tout se faisait simplement.
On dirait que je faisais ma transition et pis que les gens se diraient juste "oh tiens ? Elle est devenuE Il" sans aucune question et révélation fracassante.
Ce serait bien.
Je crois que si je liste le nombre de personnes à qui je dois le dire, je me pends.
Je n'ai pas envie d'avouer ce qui n'est pas à avouer.
Je n'ai pas envie de devoir justifier mes choix à tout va.
Je n'ai plus envie de flipper à cause de tout cela et que ça prenne la place de réflexions à propos de mon parcours.

jeudi 26 novembre 2009

[&] Le 11 et la loi des séries

Puisque le "11" a été évoqué dans le message précédent je continue sur la lancée.
Après les coming-out effectués ces trois derniers jours auprès de ma famille et de quelques amis, cela amène au nombre de 11 les connaissances au courant de notre situation (je dis bien connaissances, le psy' compte pas).
Mais qu'observe-t-on aussi avec le chiffre 11 ? Eh bien qu'il est effectivement fascinant. En effet, le 11 en binaire (classique) signifie dans tout autre langage (hexa', octal, ou décimal) 3, et, donc, le système binaire fait qu'un et un ne font pas deux mais trois, et j'y trouve une analogie assez amusante entre le cadre hétérosexué binaire de notre société et l'existence pourtant d'un troisième sexe, dont la définition ne se fait - du fait de ce cadre - que par rapport aux deux "1" que sont l'homme et la femme classiques.
On retient donc que 1 & 1 = 3
Et ça, j'aime bien.
Bref, là n'est pas le propos.
Je vais revenir, encore une fois, sur le coming-out de ces derniers jours, plus pour laisser une trace sur ce blog commun que pour le plaisir de me répéter.
Mon frère, mon père & ma mère, ma sœur ont été mis au courant. De même qu'un coreligionnaire estudiantin de mes amis, une amie récente et pourtant si importante, et une amie de longue date.
La compréhension a été beaucoup plus facile - plus que ça, elle a été naturelle - pour les amis que pour la famille.
L'acceptation n'est pas un problème en soi, mais la compréhension, et donc l'acceptation du discours en est un. On nage donc souvent dans des discussions épistémologistes et linguistiques puisque l'acceptation n'est pas une étape à franchir. Et parfois c'est dur, relativement s'entend, puisque l'on se rend compte alors du ressenti des autres, de l'importance qu'ils accordent à l'interaction, et le refus de toute décision unilatérale. On n'a pas le "droit" d'annoncer quelque chose et de demander d'être accepté sans conditions : étant accepté d'office, on est tenu de justifier nos choix, de prouver qu'ils sont conscients, libres, réfléchis. Bref.
Tout cela pour dire qu'au-delà de ses considérations, tout s'est bien passé, ma sœur plus prédisposée à éprouver de l'incompréhension, si ce n'est une certaine forme de rejet, est finalement celle qui a réagi avec le plus de simplicité, d'écoute et d'attention. Et cela me réjouit de savoir que ma sœur est bien ce que j'en avais gardé comme image : quelqu'un qui sous ses airs de personne influençable par la pensée mainstream est finalement celle qui est la plus ouverte et capable d'évolution. Je ne dis pas cela pour dénigrer le reste de ma famille, qui a toutes les qualités que j'attends d'eux, mais pour rendre hommage à ma sœur dont la réaction a plu à ma sensibilité (tout comme les réactions des autres ont plu à d'autres aspects de ma personnalité, mais qui n'étaient pas les plus stimulés à ce moment précis : celui de faire découvrir des choses inconnues pour mon frère, celui de discuter de l'importance des mots et du dialogue avec mon père, et celui de partager inquiétudes et craintes avec ma mère).
Je crois qu'à ce point de la note je suis devenu incompréhensible, je me rends compte que je suis en train d'écrire plus pour vider un sac trop rempli par des pensées antiques que pour narrer des faits de la semaine.
Si je devais donc conclure pour éviter de m'égarer plus longtemps, je dirais donc que ces coming-out successifs ont été bénéfiques pour tous deux dans la mesure où ils nous ont conforté dans l'acceptation que l'on attendait de nos proches (même s'il en manque), et d'un point de vue personnel ils m'ont permis de parler sans mentir à des personnes connaissant K., d'utiliser les bons prénoms à son égard, de cesser pour un temps la schizophrénie chronique entre la sphère conjugale et les relations extérieures.
Bref, je me sens plus entier, parce que plus assumé, plus vrai en somme.

jeudi 19 novembre 2009

Et de onze !

Onze.
Non ce n'est pas le nombre de rendez-vous psy, de mois de réflexion ou de mégots dans mon cendrier.
Le onze est un nombre qui me fascine depuis toujours alors j'extrapole autour.
Un nombre palindrome, bien symétrique, ou légèrement déviant selon la graphie.
Pourtant je suis 10 !
Dys...phorique
Dys...lexique
Di...vergent
Di...fférent
La semaine prochaine, ma moitié dira à ses parents que je suis trans.
De mon côté, je ne veux plus attendre. Ma mère, mon père, mon frère aîné doivent savoir.
Je flippe, je flippe comme jamais. J'ai l'impression que l'épreuve qui m'attend est la plus lourde que j'aurais à affronter. Je n'ose même pas me dire que je suis loin du compte !
La chirurgie ne me fait pas peur, si ce n'est en terme de résultat. Mon corps est une prison de douleur depuis toujours alors la convalescence, je m'en fiche.
Je ne sais pas si je serai en mesure de tenir mon engagement d'un an de réflexion. Cela me mènerait jusque juillet 2010, et je veux que ma torsoplastie se fasse symboliquement en 2011.
Si je fais effectivement mon stage chez mon (adorable) frère, il y a des chances que j'entame l'hormonothérapie un peu plus tôt si possible. Tant pis pour la soutenance de mémoire avec la voix qui mue. J'aime le onze mais il me faudra au moins douze pour avoir mon année.
Dix, douze... jamais de onze dans ma vie. Mais je suis ce onze, ce XX bancal et atypique.
Je veux arborer fièrement ma masculinité, pour être moi-même et enfin vivre.
J'ai vu un reportage sur une trans partagée entre les deux genres et qui disait à peu près : "A force de vivre entre deux vies, on ne vit qu'une moitié de vie."
Cette phrase a fait tilt et m'a fait pleurer, trop vraie et donc trop dure à entendre.
Enfin, j'ai réussi à craquer ce soir et a pleuré. Bon sang, ça fait du bien !
On met les choses à plat, et hop ! on repart.
C'est tellement dur de pleurer pour moi à présent, comme si j'avais déjà commencé la THS. Bizarre. Peut-être mon corps commence t-il tout seul ?

lundi 16 novembre 2009

De la représentation de soi

Han ! Matez mon titre pompeux ! ^^
Depuis toujours je dessine -ahem !- je gribouille. J'ai toujours eu beaucoup de mal à me représenter alors que cela arrive souvent, par exemple, pour raconter une anecdote, pour laisser un mot à un proche, pour faire rire mes camarades de classe, puis de promo.
Cette vision de moi a toujours été floue.
Il y a quelques jours, j'ai cherché à me dessiner pour un hypothétique projet de blog bédé, me représenter en tant qu'homme sans prendre en compte mon apparence actuelle.
Pif paf pouf, en trois traits, j'étais croqué.
Encore une fois, j'ai le sentiment que des indices subtils sont là pour me guider... si seulement je pouvais être fan de foot et de F1, ce serait plus simple !
Je plaisante, je plaisante... mais parfois, c'est difficile de se situer quand l'homme que l'on est n'est pas conforme aux modèles de la société.

samedi 31 octobre 2009

Réponses aux questions I

Allez hop ! Je réponds à mon propre questionnaire :)
Aspects physiques :
- Ce que j'aime chez moi :

Je ne pense pas être trop moche mais justement, je centrerai mes atouts sur mon visage, mes yeux, ma bouche par exemple, bien que pas masculins pour deux sous.
- Ce que je n'aime pas chez moi :
Ma taille. Cela me pose problème chaque jour, j'ai du mal à encaisser mon mètre soixante et un. Je sais que je n'ai pas à me plaindre mais voilà, ça me gène. Mes hanches sont un cauchemar, trop larges, ierk ! Ma poitrine aussi, j'ai l'impression de ne jamais savoir où la foutre en fait, comme si c'était un truc en trop un peu encombrant et surtout difforme/distendu par rapport à ce qui devrait être
- La mastectomie ? oui ou non, attentes et craintes
Je l'envisage pour le moment, voire l'attend avec impatience, mais j'ai peur d'être déçu du résultat, ou que ça n'ôte en rien la forme féminine de mon corps (notamment mes hanches)
- Les hormones ? Oui ou non, attentes et craintes
Envisagées aussi. Notamment pour la voix, la prise de muscle même minime, histoire de gommer la forme féminine et également la répartition des graisses. Après, je m'en fiche d'être imberbe, ce n'est pas une attente. Quant à l'acné qui peut survenir, m'en fiche, ça fait dix ans que je vos déjà avec ^^

- Phallo ou méta ? Oui ou non, attentes et craintes

Pour le moment non, déjà parce que l'opé me fait peur et aussi parce que je n'en ressens pas le besoin viscéral. J'ai la curiosité d'avoir un sexe masculin bien sûr, mais j'ai le sentiment que pour le moment, ça me plairait juste de voir ce que ça fait, pas de prendre de gros risques pour en avoir un à vie.
- Ma taille en tant que garçon ? je gère ou pas ?
Cela risque d'être un problème. Dans mon idéal futur, je me verrais bien faire une opé des jambes pour gagner quelques centimètres. Je préfère me dire qu'avec les hormones, je m'assumerai mieux et qui sait ? Je prendrai peut-être quelques centimètres vu que j'ai un gros retard de croissance XD (on peut rêver) Ayant longtemps eu une taille trop petite pour mon âge, la taille reste un complexe que je tente de palier à l'aide de chaussures à talons ou à grosses semelles. (Le comble étant que tous mes amis sont plus grands que moi, qu'ils soient homme ou femme -_-)
- Est ce que j'ai envie de continuer vivre dans un corps de femme ? (aspect physique)
Là, en ce moment, cette réflexion est centrale pour moi. Je me dis que je devrais tenter le coup une fois de plus. Essayer de vivre en tant que femme au look classique et non gothique comme jusqu'à aujourd'hui. C'est le côté irréversible de la transition qui me fait peur, sinon, j'aurai déjà essayé. Pour le moment, je tente de vivre en tant qu'homme mais ayant une crédibilité zéro, j'en souffre énormément et je me dis que je devrais peut-être me contenter d'une crédibilité sur mon genre apparent, même si elle ne me convient qu'à moitié, que d'une crédibilité en tant qu'homme si ma transition n'est pas convaincante. C'est binaire comme vision, je le sais, mais j'ai du mal à m'en détacher pour le moment.
Aspects sociaux :
- Comment est-ce que je visualise ma position d'homme dans la société ?
Assez floue pour le moment. Dans mon idéal, je me dis qu'être en accord avec mon corps me permettra de renouer avec la vie sociale, ce qui n'est pas le cas pour le moment.
- Comment envisage-je mes relations à autrui dans l'avenir ? Mes proches actuels, les rencontres à venir
J'ai l'impression que cela me permettra des rencontres plus faciles avec les gens, mais que cela risque d'être complexe avec les anciennes connaissances. D'une autre côté, cela fera le tri entre mes vrais amis et les autres. J'espère donc que mes relations seront plus franches et plus sincères puisque je cesserai de vivre dans le mensonge.
- Comment me visualise-je dans le monde du travail ? et dans la sphère privée (amis, couple, famille)
Dans le travail, j'ai le sentiment peut-être con qu'être un homme me donnera plus de crédibilité. Il y a par exemple longtemps que j'ai opté pour un pseudo masculin dans le monde de l'écriture. J'ai aussi le sentiment qu'être un homme me donnera une force supplémentaire pour faire mon trou et trouver du travail.
Dans la sphère privée, les appréhensions sont multiples. J'ai peur qu'en devenant physiquement un homme, je ne plaise plus à mon compagnon et qu'il me quitte alors que j'aie le sentiment que je me positionnerai mieux dans mon couple, que je serai plus serein.
Pour la famille, j'ai parfois le sentiment que je souhaite me dégager de la pression de fonder une famille, d'être mère, en voulant changer de sexe. Je n'ai pas encore de réponse précise à cela mais c'est une piste que je dois explorer.
Pour les amis, je me vois davantage libéré de mes chaînes et plus aptes à prendre des initiatives de sortie ou autre, plus détendu et plus apte à les aider en cas de problème.
- Suis-je prêt à me battre avec une guichetière de la poste ou un contrôleur de train ?
Il faudra bien. Je vois que je peux péter les plombs quand on me donne du madame mais si je dois lutter pour prouver mon identité avec des papiers qui ne correspondent pas, je pense que je serai en mesure de garder mon calme et d'expliquer, quitte à me balader avec des vieux papiers avec une tête bien féminine. Mon prénom étant mixte, cela risque d'être une très grande aide.
Aspects psychologiques :
- Pourquoi ne me sens-je pas femme ? Me sens-je donc homme par opposition ou est-ce différent ?
Il y a longtemps que je rêve d'être un homme, généralement lors de sortie entre amis, de concert, à la fac, au lycée. Est-ce pour être quelqu'un d'autre car je ne me sens pas bien dans ma peau ? Peut-être, nouvelle piste à creuser. Quand je me présente en tant que femme, j'ai l'impression d'être déguisé et de jouer un rôle. J visualise peut-être le rôle social de l'homme de façon idéalisé mais le fait est que j'ai toujours eu plus de compréhension et d'empathie pour les hommes que les femmes.
- Suis-je prêt à assumer les conséquences d'une transition ? D'un point de vue social, d'un point de vue personnel
J'ai peur de ne pas supporter de voir mon corps changer. C'est comme une seconde adolescence où c'est déjà compliqué de ne plus être pareil. Dans ma puberté de fille, j'ai eu un déni des changements : règles, poitrine. Je ne me rendais pas compte de ce qui se passait, je ne m'apercevais même pas d'être réglée (faut le faire !) Je crains que cette redécouverte de mon corps se passe mal, que je me sente monstrueux dans la période hybride homme/femme et que cela ne fasse qu'aggraver ma dépression et mon mal-être. Forcément, si je me sens mal, cela aura des répercussions sociales et j'ai peur de tourner autiste total une fois de plus, ce qui serait handicapant dans ma vie professionnelle et amicale

- Fais-je ce choix car je n'ai eu que l'influence de mes frères ? (pas de sœur)

Je me suis longtemps posé cette question. J'étais un garçon manqué et j'étais ami avec les potes de mon frère. Ma mère n'étant pas très féminine, je me suis dit que mon choix venait peut-être de là. Néanmoins, depuis la primaire j'ai toujours eu des copines, plus ou moins féminines donc j'ai tout de même eu une influence de ce côté. Mes modèles virtuels (chanteur, acteur etc.) n'ont jamais été des femmes, sauf peut-être Mylène Farmer qui clame être un garçon, ou Poppy Z. Brite qui dit être un homme gay dans un corps de femme XD
- Est-ce pour mieux assumer mon fond de misogynie ?
Oui, j'ai honte, je suis un tantinet misogyne : les femmes au volant, les femmes écrivains sont mauvaises, les profs femmes sont nulles et ne connaissent pas leur travail. Peut-être est-ce une façon pour moi de rejeter ma féminité ? Elles deviennent un bouc émissaire ? Jai en parallèle le sentiment qu'en tant qu'homme, j'aurai un regard différent sur les femmes : plus posé et plus juste.
- Est-ce pour me réinventer une nouvelle vie pour évincer l'actuelle faite de regrets, de problèmes et de deuils bien trop nombreux ?
La question qui tue et qui est centrale. N'est-ce pas une fuite en avant ? Je n'ai pas encore de réponses cependant. J'attends de faire le deuil de certains et que d'autres situations s'arrangent pour pouvoir me positionner.
- Est ce que j'ai envie de continuer vivre dans un corps de femme ? (aspect psycho)
Pour le moment ? C'est le flou. Il y a quinze jours, j'aurai dit non sans hésiter mais là je ne sais plus. Je suis en mode bulle depuis une semaine et donc dans cette bulle rien ne doit changer. D'un autre côté, j'ai le sentiment qu'une transition serait pour moi le moyen d'éclater cette bulle pour de bon.

- Et aussi est ce que je suis capable de m'assumer avec un corps différent, avec des cicatrices et un micro pénis ?

La bonne blague est que j'ai déjà un corps différent. J'ai une maladie articulaire survenant par crise et pouvant parfois m'immobiliser totalement. Ce corps prison, n'est-ce pas lui que je veux fuir ? Peut-être qu'en l'adaptant à mon ressenti, je pourrai mieux l'assumer, même si ce n'est pas un corps d'homme parfait, je n'ai déjà pas un corps d'humain parfait.
- Est ce que je suis capable de m'enfoncer une aiguille de 4cm dans la cuisse deux fois par mois ? Ou panser les plaies de mon opération ?
Panser les plaies, oui. J'en ai l'habitude et j'ai déjà soigné des plaies énormes et bien dégueu. Les seringues par contre, c'est autre chose. J'ose espérer qu'on s'y habitue avec le temps mais de base, j'ai été longtemps suivi par une phobie des piqûres. Ayant dû subir de multiples examens, cela s'est un peu tassé mais de là à me piquer moi-même, il y a de la marge. D'un autre côté, ma mère a été aide soignante, elle pourra sans doute m'aider au début (mouais, si elle accepte la transition ^^')

Des questions copiées collées du forum vert et que je trouve pertinentes, remaniées un peu pour être adaptées à mon cas :

-Est-ce que je ne cherche pas à devenir un homme physiquement à cause de mon père qui est un con fini pour que ma mère soit plus heureuse ?
LA question piège. Mon père a été absent de toute éducation, néanmoins, quand il a fait une grave dépression il venait me chercher en pleine nuit pour que je l'empêche de se suicider (j'avais treize ou quatorze ans) Il a trompé ouvertement ma mère, avec une fille de mon âge. Là, j'avoue, un psychanalyste se ferait un plaisir de me coller dix ans de suivi. Le truc, c'est que ma mère est pour moi un refuge où je vais quand je me sens mal. Nous sommes très proches et on se dit presque tout. Pour une présence mâle, elle a déjà mes deux frères, donc je ne pense pas m'ajouter, au contraire, j'appréhende de faire disparaître sa seule fille et c'est l'un des points qui m'empêchent d'entamer les démarches tout de suite.
-Est-ce que je me suis fixé ce but simplement pour en avoir un ? Pour ne pas subir à nouveau l'angoisse que j'ai ressentie quelques années plus tôt, face à l'absence d'un quelconque objectif dans ma vie ?
C'est possible et ça fait peur. J'arrive à la fin de mes études, à la fin (normalement d'un procès qui me bouffe depuis deux ans. Peut-être ai-je le besoin de me créer un nouvel obstacle pour me pousser en avant et fuir le vide criant d'absurdité de nos existences. D'un autre côté, j'ai de grands projets littéraires à mener à bien et ce sont déjà de longs buts à atteindre.

-Est-ce que c'est une simple question d'égo; est-ce que je désire quitter ce corps de femme uniquement pour une raison d'esthétique ?

J'avoue préférer la beauté masculine à la beauté féminine, en général. Mais l'égo se placerait moins dans le physique que dans le mental, encore, une fois de plus, de ce vieux fond de misogynie. Peut-être accorde-je plus de valeur à un homme qu'à une femme d'où mon désir de changer. Cette façon de penser me répugne mais il faut que j'arrive à trouver pourquoi cette misogynie avant d'avoir la réponse aux autres questions de ce type.
En général :
Mes appréhensions, mes attentes sur ma vie future

Tout se qui se passe en moi en ce moment me fait totalement flipper. Je suis en stress constant et je me sens épuisé. J'aimerais pouvoir faire un break, d'autant plus que la fac et mon boulot parallèle ne sont pas de tout repos.
Je me dis que je veux fuir cette vie en faisant une transition, que c'est une forme de lâcheté. Ce que j'attends, c'est simplement d'être heureux mais j'ai tellement peur de me planter que je ne sais plus que faire. Vais-je assumer une nouvelle identité d'homme plutôt gay avec les discriminations que cela comprend ? Est-ce que je ne veux pas faire la transition pour suivre un nouveau modèle ? Vais-je vouloir être conforme au "modèle gay" que l'on peut rencontrer ? J'en sais rien, je flippe. Je veux juste réapprendre à aimer mon corps, mais ne l'envisage pas sans transition pour le moment.
(Pour les courageux, merci de m'avoir lu)

mercredi 28 octobre 2009

Questions existentielles

J'ai décidé, pour y voir plus clair, de me créer une série de questions et de points sur lesquels je reviendrai régulièrement. N'hésitez pas à commenter et/ou à agrémenter cette liste, voire à vous l'approprier et à y répondre si vous en avez envie.
J'y répondrai dans un post futur et j'essaierai d'y répondre à nouveau une fois par mois, ou tous les deux mois afin de voir si je ne change pas d'avis comme de chemise.
Le thème central est "Pourquoi veux-je faire cette transition ?"
Aspects physiques :
- Ce que j'aime chez moi :
- Ce que je n'aime pas chez moi :
- La mastectomie ? oui ou non, attentes et craintes
- Les hormones ? Oui ou non, attentes et craintes
- Phallo ou méta ? Oui ou non, attentes et craintes
- Ma taille ? je gère ou pas ?
- Est ce que j'ai envie de continuer vivre dans un corps de femme ? (aspect physique)
Aspects sociaux :
- Comment est-ce que je visualise ma position d'homme dans la société ?
- Comment envisage-je mes relations à autrui dans l'avenir ? Mes proches actuels, les rencontres à venir
- Comment me visualise-je dans le monde du travail ? et dans la sphère privée (amis, couple, famille)
- Suis-je prêt à me battre avec une guichetière de la poste ou un contrôleur de train ?
Aspects psychologiques :
- Pourquoi ne me sens-je pas femme ? Me sens-je donc homme par opposition ou est-ce différent ?
- Suis-je prêt à assumer les conséquences d'une transition ? D'un point de vue social, d'un point de vue personnel
- Fais-je ce choix car je n'ai eu que l'influence de mes frères ? (pas de sœur)
- Est-ce pour mieux assumer mon fond de misogynie ?
- Est-ce pour me réinventer une nouvelle vie pour évincer l'actuelle faite de regrets, de problèmes et de deuils bien trop nombreux ?
- Est ce que j'ai envie de continuer vivre dans un corps de femme ? (aspect psycho)
- Et aussi est ce que je suis capable de m'assumer avec un corps différent, avec des cicatrices et un micro pénis ?
- Est ce que je suis capable de m'enfoncer une aiguille de 4cm dans la cuisse deux fois par mois ? Ou panser les plaies de mon opération ?
Des questions copiées collées du forum vert et que je trouve pertinentes, remaniées un peu pour être adaptées à mon cas :
-Est-ce que je ne cherche pas à devenir un homme physiquement à cause de mon père qui est un con fini pour que ma mère soit plus heureuse ?
-Est-ce que je me suis fixé ce but simplement pour en avoir un ? Pour ne pas subir à nouveau l'angoisse que j'ai ressenti quelques années plus tôt, face à l'absence d'un quelconque objectif dans ma vie ?
-Est-ce que c'est une simple question d'égo; est-ce que je désire quitter ce corps de femme uniquement pour une raison d'esthétique ?
En général :
Mes appréhensions, mes attentes sur ma vie future
Voilà le topo pour le moment, en espérant que ça m'aidera à me positionner. D'autres questions s'ajouteront peut-être à mesure de mes réflexions.

mardi 20 octobre 2009

[&] Les théories de M. Alain F.

J'aimerais ici parler de quelque chose d'important pour moi. Important dans ma conception de l'identité des personnes et des rapports humains. C'est pourquoi j'utiliserai ce texte comme message liminaire à mon propre cheminement, en tant que conjoint devant effectuer lui aussi - en quelque sorte - une transition.
J'ai rencontré Alain F. dans un bar. Et dans quel autre endroit cela aurait-il pu être possible puisque c'est Bernard Dimey qui nous a réuni. La soirée a été, comme il se doit, arrosée, et je ne me souviens hélas plus des propos exacts que nous tînmes, si ce n'est deux théories qu'il m'évoqua (étaient-ce les siennes ou celles d'autres ?), mais je serai bien incapable aujourd'hui de retranscrire ces théories avec fidélité. Je n'en dirais donc que ce que j'ai retenu. Et pourquoi elles sont importantes pour moi.
La première de ces théories concerne les rapports entre êtres humains. Selon celle-ci, il est trop réducteur de ne parler que de sexualité (hétérosexualité, bisexualité, homosexualité, etc.) en négligeant les autres possibilités d'attirances entre humains. Ainsi, il y aurait cinq sortes de rapports, dont je n'en ai retenu que deux : la sensualité et la sexualité. La complexité des humains fait que l'on peut très bien être hétérosexuel (ne s'imaginant ainsi pas pouvoir avoir des rapports sexuels avec des personnes du même genre) mais bisensuel, c'est-à-dire trouver une forme de sensualité (débarrassée donc de la sexualité) avec des personnes de quelque genre qu'elles soient, voire homosensuel (qui consisterait donc à ne trouver de la sensualité qu'avec des personnes du même genre sans pouvoir - pour quelque raison que ce soit - envisager des rapports sexuels avec ces personnes). Avec ces différents niveaux de rapports entre être humains on a donc un panel bien plus large de possibilités que celles habituellement admises.
La deuxième théorie concerne plus précisément l'harmonie d'un couple (d'ami(e)s, de conjoint(e)s, etc.) à travers la complexité du genre. Elle considère que l'être humain n'est pas juste binaire, homme OU femme, mais quelque chose entre ces deux extrêmes. Selon cette théorie, il y a en nous une part masculine et féminine qui s'équilibrent toutes deux (bon, la théorie ne définit pas ce qu'est une part féminine et ce qu'est une part masculine mais passons). Ainsi, un être humain peut être totalement masculin, et ne sera donc pas du tout féminin. Ou il pourra être à moitié masculin et à moitié féminin. Ou encore plus féminin que masculin mais avec tout de même une présence des deux parts. On peut donc voir cela comme deux jauges qui s'équilibrent (principe de l'osmose).
Selon la théorie, une personne ne se sentira en harmonie que si cette osmose est respectée avec la personne avec qui il partage [ce que vous voulez]. Ainsi une personne à 100% féminin ne pourrait se "compléter" (au-delà de ses attirances sexuelles ou tout ce que vous voulez) qu'avec une personne à 100% masculin. Et lorsque le mélange des deux parts est plus subtil, il faut que celui existe à l'inverse chez l'autre personne (en somme, que les deux jauges (masculines et féminines) se complètent).
Alors, oui, bien sûr, ces théories sont plus dignes de piliers de comptoirs (ça tombe bien, c'est là qu'elles ont été élaborées) que d'experts en rapports et sexualité humains, elles sont bancales, décousues et bien loin de toute rigueur scientifique, mais elles ont eu pour moi le mérite de m'aider à me définir. Je me suis dès ce moment compris comme quelqu'un d'hétérosexuel, mais bisensuel, et comme quelqu'un avec une part de féminité importante.
C'est pour cela que je voulais commencer par cet exposé, parce qu'il permet de mieux comprendre comment je me positionnais (et le fait d'avoir réussi à me positionner a rendu plus dur le fait de devoir reconsidérer cela) et comment finalement cela m'aide à me changer moi-même, en espérant ainsi aider mon chéri.
Voilà, voilà.
Désolé pour ceux que ça n'intéressait pas.

samedi 17 octobre 2009

Coming-out fraternel

Hier, enfin, j'ai parlé à mon frère et sa compagne. Je leur ai dit que j'étais trangenre, leur ai expliqué que je comptais éventuellement faire une transition.
Tout s'est fait avec simplicité, pourquoi ? Parce que quand je leur ai dit que je devais leur parler, mon frère m'a dit que j'allais leur annoncer que j'étais un garçon.
La première surprise passée, nous avons pu en parler en toute simplicité. Ils m'acceptent sans souci, accepter n'est même pas le terme, pour eux, que je sois FtM, voire même FtX (je ne suis pas fixé), ne leur pose aucun problème. quoique je fasse, ils savent que je resterai moi et me soutiendrons quelque soient mes choix.
Je ne peux poser de mots sur le soulagement et la joie ressentis. Il me reste à eur donner des liens pour les aider à mieux comprendre, continuer d'en parler et ils pourront être là pour soutenir ma mère quand j'oserai enfin lui en parler, chose envisagée avant la fin 2009.
(Note en passant : quand je poste un article, il n'y aura pas de symbole dans le titre afin de bien différencier mes posts de ceux de mon compagnon)

jeudi 15 octobre 2009

[&] Please to meet you

Bonjour,
Donc, voilà, je me présente, les deux mains supplémentaires qui viennent s'ajouter à ce blog.
Qui suis-je ? Le conjoint de Mr. K, envers et contre tout, et qui va tenter de comprendre lui-même ses sentiments, ses craintes éventuelles et ses joies à venir à travers l'écriture. Peut-être cela aidera-t-il des personnes dans ma situation, ce qui est sûr c'est que cela m'aidera moi, me mettra au clair, et je crois que c'est là le plus important.
Comme K l'a dit, nous allons essayer d'identifier l'auteur des messages sur ce blog. Je ne sais pas encore comment, mais toujours est-il qu'à terme vous pourrez décider plus aisément de vous dispenser de la lecture de mes messages si ces derniers ne vous intéressent pas (ce dont je vous excuse tout naturellement).
Ma situation n'est bien sûr pas similaire, mais si vous avez des suggestions, des remarques à faire sur ma conduite, mes - l'humain est faillible - craintes injustifiées ou que sais-je encore, n'hésitez surtout pas, je serai heureux si vous pouviez, moi aussi, m'aider.
A bientôt.
EDIT : Ça y est, le symbole d'identification est trouvé, ce sera l'esperluette devant le titre.

mardi 13 octobre 2009

Changement dans le blog

Hello tous !
Un message succinct pour vous annoncer que ce blog va sûrement passer à quatre mains.
En effet, je pense qu'il sera intéressant que mon compagnon vienne poster de temps à autre pour donner son opinion.
Nous aurons donc mon parcours en miroir par son regard ! Cela nous fera un journal de bord que nous pourrons consulter dans quelques années, avec nostalgie ou effroi (:

dimanche 11 octobre 2009

Compte-rendu Existrans 2009

Hier, samedi, j'ai participé à l'Existrans, à Paris. (Cliquez sur le titre pour plus de renseignements)
Je veux me concentrer ici sur mon ressenti.
Yann et moi arrivons un peu avant 14 h au métro Jourdain, lieu de rendez-vous. Il y a une foule éclectique et bigarrée massée devant une église, ironie du sort.
Je suis d'une nervosité sans nom, ma jambe tremble toute seule, mes mains également. Je cherche des visages connus pour me sentir moins perdu. Pari gagné, cela m'apaise un peu.
Je brandis une pancarte d'OUTrans "Non à la stérilisation forcée" et me sens empli de fierté de porter ce slogan, mais pas seulement.
Pour une fois, je marche redressé. Je suis fier de qui je suis, fier d'être là, fier de tous ceux qui m'entourent. Je hurle les slogans, porte même à un moment un bout de la bannière en tête du cortège.
Et Yann également. Il crie, revendique, brandis cette bannière tout le long de la manif. Plus que tout, c'est de lui que je suis fier.
Le long du cortège, les gens sont interloqués et nous dévisagent. Un gamin nous crie "Bande de trans !" J'ai envie de lui répondre "Et alors ?"
Leurs regards m'indiffèrent. Je veux qu'ils sachent qui je suis, qui nous sommes et surtout qu'ils comprennent pourquoi nous sommes là à marcher et crier.
Cela m'a aidé, bien plus que je ne l'aurai cru. Même si l'effet ne durera peut-être pas, j'assume de nouveau mes envies de mammec et d'hormones, l'envie d'être appelé monsieur.
Ma moitié m'a fait remarquer qu'au plus je m'assume, au plus je suis féminin. Fini le roulage d'épaules, on dirait que je suis maniéré. Possible. Je n'ai pas besoin d'être camionneur pour être homme.



jeudi 8 octobre 2009

Nouveau rendez-vous psy

Cette constante en quinzaine, est-ce vraiment une bonne idée ?
Je ne me sens pas particulièrement mal dans mes godasses. En fait, je ne me suis jamais senti aussi bien que depuis que je commence à cerner qui je suis.
Je perds un pognon fou dans cette histoire, mais je prends sur moi et me dit que ça me fera de l'avance sur le temps de suivi, "au cas où"
Je voulais faire des résumés de chaque entretien mais en l'occurrence, je parle et il ne dit rien, ou presque.
Point positif, il m'a l'air d'être ouvert d'esprit et pas du tout transphobe. Cependant, l'auto-analyse, je connais, je fais ça tout le temps depuis longtemps. Je lui balance mon résumé de réflexion et le regarde hocher la tête.
Bref
Ce week-end, Paname m'attend. Je hais cette ville sirupeuse, son métro, ses rues, ses bars trop chers pour moi. J'aspire à un beau temps et une campagne heureuse, pas un lieu urbain frénétique et surtout surpeuplé.
Pourtant, les évènements qui m'y attendent me plaisent. Un anniversaire d'une part, puis l'Existrans
Quand le psy m'a demandé en quoi cela consistait, j'ai gentiment éludé la dépsychiatrisation.
Ne l'effrayons pas.

jeudi 1 octobre 2009

To be (op) or not to be

Plus le temps passe, plus je me demande si vraiment, je veux intervenir sur mon corps.
Je me laisse de toute façon une année de réflexion.
Je me dis qu'il y a bientôt vingt-six ans que je vis dans ce corps et les transformations irréversibles me font peur. Je me rends compte également que je les souhaite pour les autres plus que pour moi. Je n'ai pas vraiment de problème avec mon corps, hormis ma taille qui, bien que dans la moyenne des femmes, ne me satisfait pas en tant qu'homme. Dix petits centimètres me conviendraient tout à fait.
Les autres points qui me chagrinent mais que je gère le plus souvent :
- La voix, trop aiguë
- La poitrine
- La forme du corps en sablier
Je n'aime pas me binder, étouffer à chaque pas et abîmer mon corps. Je travaille ma voix pour la faire descendre également, même si cela ne me semble pas suffisant.
Je crois que suite à l'Existrans, je vais m'accorder une période de réflexion, puis une période de pause où je n'irai plus sur des forums et des blogs FtM. Tenter un peu de me détacher de tout ça pour y revenir l'esprit plus clair. Pas comme en ce moment où je "baigne" chaque jour dans mes réflexions de genre.
De toute façon, ma première priorité médicale reste mon poignet que je vais certainement devoir faire opérer. Pour le reste, on verra plus tard.
Demain, peut-être, je me dirai que je ne peux vivre sans mammec ou sans hormones. Aujourd'hui mon dérèglement m'octroyant un peu trop de testostérone me suffit.
De la réflexion. Il n'y a pas le feu. C'est mon corps après tout, et je préfère attendre d'être parfaitement sûr de moi.

jeudi 24 septembre 2009

Deuxième rendez-vous psy

Deuxième rendez-vous avec le psychiatre, donc, cet après-midi. Il me laisse parler, intervient très peu. J'ai eu du mal à me lacer et j'ai plutôt l'impression de vider mon sac que de guetter le papier magique qu'est l'attestation.Je lui ai cependant fait part de ma volonté de changer, de prendre de la T, de faire une mastectomie. Dans ses yeux, je ne lis aucun jugement, et c'est déjà ça.
On a un peu abordé la question des relations sexuelles car j'ai amené le sujet. Soit dit en passant, j'ai consulté son confrère qui m'a recommandé à lui pour des questions de blocage à ce propos. Je lui ai dit que ce blocage commençait à se dissiper depuis que je sais davantage qui je suis, en me projetant mentalement dans le corps de ce garçon que j'aurais dû être.
Une fois de plus, cependant, je n'ai ni bilan positif ou négatif à faire puisque je parle pendant une demi-heure et lui à peine. En même temps, j'ai tant à dire que je pense qu'il va faire le tri dans tout ça après qu'on ait fait le tour.
Cependant, à cinquante-huit euros la demi-heure, j'espère que ce bilan ne durera pas trop longtemps (J'aurais dû faire psy moi !). Mon découvert n'est pas trop d'accord.

mercredi 23 septembre 2009

C'est pas mon genre !

Voilà.
En tant que gros boulet, j'étais persuadé que la permanence de "C'est pas mon genre !" avait lieu hier... Or, je me suis trompé de mardi.
Dire que j'ai lutté pour pouvoir y être dans les temps et qu'un dernier sursaut de doute m'a fait vérifier la date pile poil avant mon départ.
Mon seul réconfort est que mon chéri m'a dit : "C'est dommage, tu t'étais fait beau pour l'occasion"
Sachant que je suis d'une timidité maladive, cela signifie que je vais devoir redoubler d'efforts la prochaine fois pour y aller, ça me dépite d'avance.
Demain, j'ai mon second rendez-vous psy et je voulais y aller, fort de cette rencontre.... FAIL !
Il ne me reste plus qu'à croiser les doigts pour que demain se passe bien. J'espère pouvoir lui parler de ma volonté de transition. Vous aurez droit à un compte-rendu bien sûr.

mardi 15 septembre 2009

De l'art d'être une fille.

Aujourd'hui, pré-rentrée.
Je vois les choses sous un jour différent maintenant que j'ai compris qui j'étais. Pour le moment, je n'envisage pas de leur faire part de ma trans-formation. J'estime inutile de me prendre la tête (et des remarques) sur ce fait étant donné qu'il s'agit de ma dernière année.
J'aurais les mains libres par la suite. Ayant cours jusqu'en avril, je pense que cela concordera avec l'avancée du schmilblick. Cela ne me dérange pas de souligner mes yeux de noir, même si je me sens à présent incapable de porter une jupe.
Peut-être qu'au fil du temps je changerai d'avis et coming-outerai à tout va. Pour le moment, je compte avertir ma responsable de mon suivi psy, sans préciser le pourquoi du comment.
Lâcheté de ma part ? Je ne sais pas. Je ne pense pas avoir les épaules assez solides pour supporter des réactions négatives. l'année sera déjà assez difficile sans cela.
En avril, j'ai un stage de six mois. J'envisage déjà quelques boîtes, notamment dans le monde de l'édition. Le must serait un télé-travail, pour me permettre de continuer la transition sans heurts, en admettant que je commence la testo à ce moment là.
Pour le moment, je rêve d'une chemise cintrée en satin noir, entrouverte sur une pomme d'Eve. Si dans la rue mon compagnon m'a prisE pour un garçon, je sais que l'apparence est bien loin d'être satisfaisante. J'ai hâte de ne plus miauler comme un chaton chaque fois que j'ouvre la bouche.
Tout serait tellement plus simple si demain je m'éveillais garçon, que tout le monde m'ait toujours connu garçon, et que je puisse faire pipi debout sans en mettre partout.

vendredi 11 septembre 2009

Ô féminité morbide !

A fleur de peau, plus que jamais.
Une véritable cocotte-minute. J'explose pour un oui, pour un non, suis irrité par la moindre bagatelle.
Je crée tout seul mon état de tension, comme un grand. Les deux personnes qui sont au courant acceptent bien ma transition, les autres ne se doutent de rien (il me semble) Je n'ai donc aucune raison de m'angoisser de la sorte, mais c'est plus fort que moi. J'ai beau dire aux autres de prendre chaque chose en son temps, j'ai le sentiment d'être un bien mauvais élève.
Les cauchemars sont de retour avec leur lot de nuits d'insomnie.
Une fleur sur la peau, jamais plus ?
Il me semble aberrant de rejeter en bloc ma féminité, bien qu'aujourd'hui je peine à m'habiller en femme. J'ai résolu le dilemme du placard en décidant de presque tout garder. Après tout, j'ai le droit de m'habiller en femme, où est le problème ?
J'essaie d'analyser ce sentiment : pourquoi ma féminité me paraît, non pas acceptable, mis bel et bien délicieuse si je l'observe du côté XY de moi-même ?
J'ai l'impression que si celle-ci devient un jeu alors je l'apprécierai dans sa pleine mesure. Un peu comme un écrivain publiant à l'occasion, qui peut se permettre d'écrire ce qu'il veut, opposé à l'écrivain professionnel, relégué aux guides touristiques pour pouvoir en vivre en dehors des romans.
Déjà en tant que pseudo-garçon actuel, j'aime porter des vêtements androgynes, tracer un trait de khôl sous mes yeux.
Je suis une tapette fière de ce qu'il/elle est. C'est le principal.

mardi 8 septembre 2009

Premier rendez-vous psy

On a franchi le cap !
Au final, pas grand chose à en dire. il m'a surtout laissé parler, faire les présentations on va dire. L'entretien a duré une demi-heure durant laquelle j'ai davantage parlé que lui. Pas vraiment de questions hormis une demande de précisions sur quel avait été mon déclic.
J'ai donc parlé de moi, ma famille, mes études, mon rapport à mon corps, mon rapport aux autres.
Il m'a proposé un second rendez-vous, dans quinze jours. On avance donc à petits pas.
Je ne vais pas lui parler de l'attestation pour l'endocrinologue. De toute façon, il est exclu que j'entame ma transition avant la fin de cette dernière année de fac.
Je vous riens au courant de la suite des évènements

dimanche 6 septembre 2009

Un litre d'eau bénite dans ma besace et....

...un chat sur mon épaule.
Je m'aperçois, sans doute en présageant un peu trop, que mon médecin pourrait remplacer une attest' psy. Un vieil ami de la famille, plutôt cool, non ?
J'en ai soupé des psys, tout au long de ma vie, et j'appréhende le rendez-vous de mardi, sur une place au nom charmant. Je ne sais si c'est le "madame" au téléphone qui m'affecte, ou juste parce que je ne lui ai pas dit pourquoi je venais.
Je ne suis pas fou, loin de là, même si tout à l'heure j'ai capté mon reflet dans une fenêtre et y ai vu un homme. J'ai déjà refusé l'ALD pour troubles anxieux, car je présageais qu'elle me desservirait dans un avenir proche.
Je me suis baladé tout le week-end avec des plateformes m'offrant 1m70 de bonhomme. J'adore. J'aime cette taille, pas besoin de plus, mais j'en suis loin.
Bizarrement, j'ai le sentiment que ma masculinisation sera l'occasion d'exacerber ma féminité. Ce genre de petites choses que je ne dirais pas au psy, tout comme je ferais mieux de ne pas admettre que je vis avec un homme. Est-ce si grave d'être homo ? Il faut croire, car j'appréhende davantage cette révélation auprès de mes parents que de dire que je suis trans.
J'en ai encore remis une louche auprès de ma mère, en évoquant l'épisode de Bones traitant d'une MtF assassinée. Elle a dit que c'était horrible de tuer quelqu'un pour sa différence, que les gens étaient cons et bornés. J'espère qu'elle ne mutera pas vers la masse après mon CO.
Toujours en statut quo donc, même si j'ai eu l'occasion de reparler à ma belle-soeur de la révélation que j'avais à faire. Elle est curieuse et impatiente. Moi non. Je ne me sens pas prêt. Pourquoi attends-je le psy pour en parler ? Suis-je encore mentalement placé sous le joug des médecins, comme les généralistes, les kiné, les rhumato, les dermato, les orthophonistes, les psychiatres, les pédopsychologues, les endocrinologues, les neurologues, les cardiologues et les je-ne-sais plus quoilogues qui se sont penchés sur mon cas ? Et ce sans jamais de réponses ?
Peut-être mon corps hurle t-il de douleur pour le simple fait de ne pas être en adéquation avec mon esprit ?
Tout simplement.

mercredi 2 septembre 2009

Tartine de bad, sauce cogitation

Bon.
Résultat en demi-teinte.
J'appelle mon ancien psy : entretien téléphonique un peu space. Je lui annonce que m'étant auto-analysé depuis un an, j'ai compris les causes de ma dépression : je suis transgenre. Sa réponse : "Whoa !"
Mais alors qu'il semblait vouloir me remballer de prime abord, cela a suscité son intérêt, ou du moins, sa curiosité. Il me conseille de voir quelqu'un dans ma ville actuelle (il vit à une heure de chez moi) et me recommande deux psys différents.
Pouf ! Pouf ! Au pif, je choisis le plus proche de chez moi. La bonne blague, c'est que j'observe le téléphone comme un con en étant incapable de l'appeler. Nausée, tête qui tourne, suée. Etat quasi habituel du moindre coup de fil chez moi, mais ici nettement accentué.
Je me sens super mal là, physiquement parlant. Je n'ai pas envie de l'appeler et de fondre en larmes. J'ai peur que ce type décide de me "guérir".
J'attends de me calmer et retente le coup, m'enfin, mon gars est chez moi et il m'est impossible de téléphoner à un inconnu si j'ai quelqu'un à côté de moi. Ce n'est pas nouveau, mais j'ai l'impression que ça n'a jamais été aussi fort.

samedi 29 août 2009

Prise de rendez-vous avortée

Bon.
Résultat en demi-teinte.
J'appelle mon ancien psy : entretien téléphonique un peu space. Je lui annonce que m'étant auto-analysé depuis un an, j'ai compris les causes de ma dépression : je suis transgenre. Sa réponse : "Whoa !"
Mais alors qu'il semblait vouloir me remballer de prime abord, cela a suscité son intérêt, ou du moins, sa curiosité. Il me conseille de voir quelqu'un dans ma ville actuelle (il vit à une heure de chez moi) et me recommande deux psys différents.
Pouf ! Pouf ! Au pif, je choisis le plus proche de chez moi. La bonne blague, c'est que j'observe le téléphone comme un con en étant incapable de l'appeler. Nausée, tête qui tourne, suée. Etat quasi habituel du moindre coup de fil chez moi, mais ici nettement accentué.
Je me sens super mal là, physiquement parlant. Je n'ai pas envie de l'appeler et de fondre en larmes. J'ai peur que ce type décide de me "guérir".
J'attends de me calmer et retente le coup, m'enfin, mon gars est chez moi et il m'est impossible de téléphoner à un inconnu si j'ai quelqu'un à côté de moi. Ce n'est pas nouveau, mais j'ai l'impression que ça n'a jamais été aussi fort.

jeudi 27 août 2009

Des jours avec...

... et des jours sans.
Aujourd'hui, j'accuse le coup.
Sous l'émotion nouvelle des prémisses de mon CO, j'ai éludé le reste. J'ai éludé ma mère à l'hôpital, j'ai éludé à quel point mes amis partis outre-atlantique me manque, j'ai éludé deux ans de procès ne menant à rien... J'ai presque été jusqu'à éluder la mort de mon chien.
Aujourd'hui, je suis seul. Les larmes au bord des yeux et quasiment incapable de pleurer. Je n'arrive pas à comprendre ce qui se passe en moi. Tristesse légitime ? Colère refoulée ? Contre les autres ? Contre moi-même ?
Je n'arrive pas à me prendre en main, à décrocher le téléphone et appeler le psy. J'ai la nausée, je crève de peur. Déjà un simple coup de fil pour une bagatelle me terrorise alors là, cela me semble au-dessus de mes forces.
Je me protège dans le flou actuel qu'est ma vie durant ce mois de vacances désœuvrées. J'ose à peine imaginer quel sera mon état à la rentrée.
Au départ, j'avais l'impression que tout irait mieux, assumant mon identité en construction, acceptant l'idée que oui, je ne suis pas une femme. Mais je ne suis pas une femme pour être quoi finalement ?
Un garçon. Oui, je veux être un garçon. Je n'ai pas de doutes là-dessus mais je me demande si j'aurai les épaules assez solides pour supporter tout cela. J'ai de plus en plus de mal à le cacher à ma mère. J'ai besoin de son soutien. J'ai toujours été un fifils à sa maman.
Et là, mon chien est mort. Je l'ai à peine vue pleurer, comme toujours, elle me protège. Elle veut me montrer qu'on se relève de tout mais je sais qu'elle a craqué au téléphone, avec mon frère aîné, Eddy. Elle a pleuré toutes les larmes de son corps. Il vit à 600 km, il n'y a eu personne pour la serrer dans ses bras.
J'essaie d'être fort pour elle en ce moment, mais le fait est que je suis à bout de souffle. Je suis de nouveau gagné par l'angoisse de lui annoncer. Elle a eu une vie de merde, terriblement merdique. Et moi, je vais devoir souffler sur le château de cartes d'un bonheur factice en espérant qu'il tienne toujours debout.
Au moins, je suis sûr d'une chose. En ce moment, je ne peux pas vivre seul. Là, je n'ai plus qu'à ravaler mes larmes pour ne pas pleuré devant elle à l'hôpital. Sourire et plaisanter pour la distraire.
Son opération est bénigne, fonctionnelle. Elle n'est pas malade mais l'angoisse de la perdre m'a tout de même taraudé. J'ai perdu trop de gens précieux dans ma vie, beaucoup trop. Cette crainte me renvoie à mon CO. Et si je la perdais ?
Je la connais, elle ne me rejettera pas, mais elle pleurera sans doute dans l'ombre, sans personne pour la prendre dans ses bras. Elle me sourira, sourire forcé, et jettera nonchalamment : "Tu es trop petite pour être un garçon." Je serais blessé, mais c'est son arme à elle pour ne pas perdre pied.
Aujourd'hui, j'ai mal à en crever. J'ai toujours lutté pour garder le sourire, rire et plaisanter, rendant incrédules les gens apprenant ma dépression.
Aujourd'hui, j'ai l'impression que les jours à venir sont coincés, tassés sous un couvercle lourd que je n'aurai jamais la force de pousser avec mes bras maigrelets et mes mains handicapées.
Non. Je n'ajoute pas un nouveau lourd protocole médical à celui qui est déjà le mien. J'ai juste envie de vivre enfin, que, justement, mon handicap devienne secondaire et ne me définisse plus.
Aujourd'hui, je veux juste un peu de courage pour contacter le psy, mon ancien psy. Une lettre, oui, sans doute, une lettre succincte. Je veux juste un conseil. Je veux juste savoir qui aller voir. Ou lui peut-être ? Serais-je en mesure de lutter cotre moi-même pour parcourir l'heure de route me permettant d'aller le voir ?
Aujourd'hui, ma phobie sociale lutte avec ma dépression pour savoir laquelle des deux est la plus forte. Je l'ignore. Je m'en fiche. Je veux juste qu'elles aillent jouer plus loin et me foutent la paix.

mercredi 26 août 2009

Diz is da reborn of Luv ?

En pleine interrogation métaphysique, je me pose et analyse. J'analyse toujours tout, de moi aux autres. Trop cérébral ? Sans doute.
J'ai toujours eu du mal à exprimer l'amour, ce qui semble paradoxal car je suis expansif en amitié. Dire un simple "je t'aime", exprimer mes émotions me semble quasi impossible. Je finis toujours par bredouiller et conclure par un "Bref, on s'en fout"
Le fait est que depuis mon CO auprès de ma moitié, depuis que j'ose être moi-même à ses côtés, j'ai l'impression de revivre la passion comme au premier jour. Etre capable de le regarder sans un mot, un sourire nias aux lèvres, ressentir son absence à chaque seconde, pesante.
Comme d'ordinaire, j'analyse. Je pense que, me sentant mieux, je libère enfin mes sentiments. Peut-être un jour serais-je en mesure de les exprimer plus fidèlement, qui sait ?
Ce qui compte, c'est que je sois heureux. Même si tout n'est pas parfait, même si l'attente de ma transition, l'attente de la résolution d'un problème autre et divers éléments me dépriment, j'arrive à sourire plus sereinement que jamais.
Je chantonne alors :
"Soft kitty, warm kitty,
Little ball of fur !
Happy kitty, sleepy kitty,
purr, purr, purr..."
(aka trop regarder The Big Bang Theory vous ruine positivement le cerveau, mais nous sommes hors-sujet)
Tiens, je reviendrai sur la voix un peu plus tard, encore une jolie analyse en perspective.

mercredi 19 août 2009

Dédramatisation

Petit à petit, au fil des réflexions je me dis que je devrais commencer à dédramatiser mon ressenti pour dédramatiser l'annonce.
Après tout, qu'y a t-il de grave à vouloir être soi-même ?
J'ai souvent envie de balancer dans la conversation "ah, au fait, je suis un homme et vais entamer une transition" puis embrayer et expliquer.
Je me prends peut-être trop la tête. Et si j'en fais un drame, est-ce que ce ne sera pas perçu comme un drame ?
Quand un cheval a peur, le meilleur moyen de l'apaiser est de rester zen et de faire comme si de rien n'était, même si un danger existe réellement. Je suis doué dans ce domaine, pourquoi ne pas étendre ces compétences ?
Dire les choses le plus simplement possible afin qu'elles soient clairement comprises et non stigmatisées comme un évènement horrible et traumatisant. Après tout, j'entame ma renaissance vers un moi heureux, annonce t-on une naissance avec force pleurs, rappel des risques de fausse couche et autres ?
Ces derniers jours de réflexion m'ont fait au moins comprendre ceci. Ma lettre pour mes proches ne sortira pas des parois de ce blog. Je l'annoncerai autrement, plus calmement. J'envisage enfin la possibilité que mes proches ne me rejettent pas. Ce qui est plus simple maintenant que j'ai le soutien de deux personnes très chères.

dimanche 16 août 2009

Deuxième étape !

Me voilà paralysé après avoir donné l'adresse de mon blog à la personne évoquée ci-dessous.
Alors je me contenterais de te remercier ma belle. Ton soutien m'offre ma plus belle arme pour la suite des évènements. Merci de comprendre, de m'accepter.
Un sublime rayon de soleil dans mon parcours à venir.

Message Flash - Annonce de CO

Voilà que je me suis décidé à envoyer un mail à ma meilleure amie pour lui dire que je devais lui annoncer quelque chose d'important.
Elle est en ligne. MSN me suppléera.
C'est parti !
(aka je flippe à mort, bourdel)

samedi 15 août 2009

Dans mon appartement...

...il y a un grand miroir.
Il fait une chaleur étouffante également, alors je me promène nu.
Je croise régulièrement une jeune femme, la prie de voiler son corps un minimum, après tout, je ne la connais pas. Le problème reste que ce miroir ne me montre pas qui je suis. Ce reflet me blesse, parfois, car il est mensonger.
Je n'aime ni le mensonge, ni l'hypocrisie. J'aimerais qu'un jour il soit en accord avec moi-même, ce foutu miroir.
Au mois d'Août, les fous sont de sortie. Tous les psys semblent en vacances. J'ai du mal à me dire que je devrais attendre septembre pour décrocher une première date. J'ai déjà attendu vingt-cinq ans, je ne suis plus à ça près. Et pourtant... Maintenant que mon choix est fait, l'attente est difficile à supporter.
J'ai envoyé un mail à mon ancien psy pas vu depuis un an et qui ne sait rien de moi. C'était un homme compréhensif et ouvert, me semble t-il, mais j'ai déménagé. S'il le faut, je retournerai le voir. J'ai envoyé un mail à un autre psy, soit-disant pro des Trans, pour lui demander de me conseiller quelqu'un. Pas de nouvelles.
J'ai tenté de contacter l'association française des psy. Sans succès. Je préfère me dire que c'est parce que ce sont les vacances, ou que l'adresse mail n'est plus valide plutôt que de croire qu'ils en ont juste rien à foutre ou pire.
J'ai fait le choix de trouver un autre psy dans ma région pour ajouter un nom à une liste de trans-friends mais cela semble pour le moment mission impossible.
Ma dernière interrogation reste "Comment un professionnel de santé tel qu'un psy peut-il se permettre d'émettre des jugements de valeur primaires/Réac/judéo-chrétiens ?"
Je me sens fatigué avant même le début de ma lutte. Mon compagnon estime que je n'ai pas la santé physique d'une transition, ni la santé mentale, car je suis fragile, à fleur de peau. Forcément ! Comment ne pas l'être dans ma situation ?
Toujours garder la tête haute et continuer. Je n'ai plus que cette issue.

mercredi 12 août 2009

Le blanc et le noir

Il est utopique de penser de façon manichéenne. Les choses seraient pourtant si simples : Le jour serait le jour et la nuit resterait nuit. Ni aube, ni crépuscule. Les garçons seraient des garçons et les filles des filles, sans nuance. Soit blanc, soit noir.
Le gris domine pourtant, et teinte toutes mes journées. Aujourd'hui Yann s'est intéressé de lui-même aux Trans', effeuillant le blog d'une MtF à la plume fine. Il m'a posé des questions, sur tout et rien, les termes à employer pour ne pas être blessant. C'était maladroit dans la forme mais il a fait un premier pas. Nous avons parlé. Je me sens bien. Blanc. Tout est blanc.
J'exploite pourtant chaque seconde jusque la lie pour ne pas penser, ne pas me perdre. Il y a une heure à peine, je n'aurai pas envisagé la menace d'une crise d'angoisse. Le simple fait de ranger une veste de cuir homme, à la boutonnière homme, à la carrure trop large et aux manches trop longues pour moi m'a porté un coup douloureux. Glisser le cuir havane entre les cintres de chemises et jupes noires, insérer une couleur terne dans mon puits d'ombre.
J'ai tenté de plier et de faire disparaître des vêtements de ma vue mais ma mascarade féminine présente depuis trop d'années m'a lié les mains. Je crois que sur l'instant, j'aurai pu les arracher et hurler mais j'ai lutté pour ne pas craquer, ne pas montrer mon désespoir à mon cher et tendre.
Les murs de l'appartement sont couverts de figures féminines, je viens de m'en rendre compte, qu'est-ce que je cherche à prouver ? Mon regard pour moi-même dans le miroir change. Je cherche le masculin en moi, trouve mes épaules trop étroites, mes hanches trop larges, rêve d'un torse plat. J'ai le sentiment d'être minuscule en homme, alors qu'en femme j'ai l'impression d'occuper trop d'espace.
Je n'ai pas encore eu le courage d'appeler un psy, ni même de donner mon nom choisi à ma moitié. Je sais que cela ne me dérangera pas si mes proches continuent d'utiliser mon nom de naissance, car je l'apprécie et qu'il est mixte. Ce jeu de prénom me semble qu'une infime tâche à accomplir dans l'immensité de mon parcours à venir.
Il y a une heure encore, je croyais commencer à être heureux.
Là, je comprends que je suis au fond du gouffre, que l'ascension sera longue et que je m'y écorcherai les mains, dans le noir.

vendredi 7 août 2009

Premier échec

Voici la première étape franchie. Douloureuse.
J'ai donc annoncé à ma moitié ce que j'étais au plus profond de moi. La lettre ne fut qu'un support secondaire car il a souhaité que je lui explique avec mes propres mots en premier lieu. Ceux-ci étaient pourtant malades, prisonniers dans ma gorge et noyés sous mes larmes. Il a pourtant compris, ou plutôt déduit, et le dialogue a été ouvert. J'ai pu lui expliquer mon ressenti mais il n'en a pris la pleine mesure qu'à la lecture de la lettre.
Je sais qu'il ne me suivra pas. Si je fais ma transition, il me quittera. A présent, je dois choisir entre mon couple et ma vie, mais combien de temps serai-je encore en mesure de me voiler la face ?
Il aime une femme, juste une femme. Il ne changera pas pour moi, c'est un fait "Mais on restera amis !" Remarque stupide à laquelle je ne donnerai pas suite. S'il me quitte juste pour ça, c'est qu'il ne m'aime pas pour ce que je suis. Je ne peux pas le supporter. Je ne veux pas être réduit à des surplus graisseux et une voix aiguë.
Mon parcours se fera seul, tant pis pour moi. J'ai déjà tellement souffert que je ne suis peut-être plus à ça près. S'il en est ainsi, je tracerai une croix sur l'idée même d'amour car il me semble impossible de trouver un jour quelqu'un ne s'attachant pas aux apparences.
Douce hypocrisie du jour. Nous parlons de tout, sauf de ça. Moi, j'espère qu'il choisit de se laisser le temps de digérer la nouvelle. Lui doit sûrement se dire que c'est une lubie de ma part, que ça me passera. Parce que, selon lui, je suis une belle femme. Parce que j'ai des seins, des hanches qui ne s'effaceront jamais, la peau douce, que je suis petit. C'est tellement ridicule que ça me flanque la nausée et me bouffe à nouveau le sommeil. Alors un mec petit n'est pas un mec ? Un mec à gros cul n'est pas un mec ? Des conneries, un ramassis de conneries ineptes. Je ne suis qu'un roman de gare jugé sur sa couverture.
Ce matin, il s'éveille et me demande si ça va, que j'ai l'air triste. Je dis que tout va bien. Deux ans que je vis dans le mensonge, je peux sans doute continuer un peu ! Nous allons vivre plus d'un mois constamment l'un avec l'autre. Je ne sais même pas si je le supporterai. Je suis en colère contre lui, et déçu, mais même ça je crois que je ne serai pas capable de le dire. Je crois que je ne serai plus capable de rien dire.
Ce matin, j'ai regardé le trottoir deux étages plus bas et me suis dit que ce serait plus simple que je saute. Après tout, cela ne changerait plus grand chose.
Il remet violemment en cause mon parcours, me dit que de toute façon, je ne serai jamais un vrai homme. Oui. Je le sais. Une parodie de moi-même.
A l'heure actuelle, je n'envisage même plus de survivre à l'année en cours. Je crois que le seul fait de ne pas imposer un nouveau suicide à ma famille me retient. Je ne suis plus qu'un fantôme. Le bonheur à jamais absent.
Je sais que je dois lui laisser le temps. Je suis le premier à le scander sur tous les toits. Maintenant que j'y suis confronté, j'ai du mal à me convaincre.

dimanche 2 août 2009

Opportunité capillaire ?

Voilà près de deux ans, trois peut-être, que j'ai accumulé les accrocs dans mon "tissu social" pour le réduire en charpie. La non-conformité de mon apparence ne me paraît pas en adéquation avec l'idée de relations amicales.
En analysant, je constate que quiconque n'étant pas un tant soit peu ouvert d'esprit a été rayé de ma vie. Paradoxe. Moi-même ne suis-je pas puissamment intolérant en n'autorisant pas l'autre à craindre ?
Je me protège, encore et toujours, et les gens que j'aime profondément sont toujours autour de moi. Est-ce si compliqué d'aller les voir, ou au moins de leur laisser un mail ?
J'ai l'impression oui, je n'ai jamais été très communicatif bien que je feins la sociabilisation à merveille, brûlant intérieurement de trouille comme un loup pris au piège.
Tout ce blabla car je me suis rendu compte en allant voir une amie qui habite non loin de chez moi que je ne l'avais pas vue depuis plusieurs mois. Elle-même l'a constaté à ma longueur de cheveux, elle est ma coiffeuse également.
Là, le titre s'explique. Elle m'offre une coupe de cheveux gratuite, en salon. Je ne sais pas encore comment je vais réussir à lui demander une coupe homme. Rien d'extrême, je tiens à mes longueurs, mais quelque chose de masculin, quitte à ressembler à un émo si cela me permet de rencontrer l'hésitation madame/monsieur à défaut d'autre chose.
Je sais que j'ai là une opportunité de lui faire mon coming-out, au moins post-coupe car je ne veux pas que ses mains tremblent. D'un autre côté, j'évolue dans un milieu qui aime pousser l'androgynie à son paroxysme. Bien que choisi par la seule musique, j'y trouve un certain réconfort mais là, je m'étendrai sur le sujet dans un autre message.

vendredi 31 juillet 2009

Lettre I

Voici la première lettre que j'ai rédigée, à destination de ma mère, mon frère et ma belle-sœur, afin de leur annoncer que je suis FtM.
N'hésitez pas :
1. A me donner votre avis
2. A vous en inspirer si cela vous aide. Voir à la reprendre telle qu'elle. Je ne vois aucun problème à la partager si cela peut aider quelqu'un.
" Avant même de commencer, je dois vous dire une chose : Je vous aime profondément. Je n'ai pas la force d'annoncer cela en roues libres alors je fais ce que j'ai toujours préféré faire. Ecrire. L'annonce que j'ai à vous faire risque de vous surprendre, de vous choquer, voire de vous faire peur. Je vous demande de ne pas me juger et de ne pas vous juger, car personne ici n'y est pour rien. On pourra accuser Dieu, le Diable, la Nature, le hasard, ou que sais-je encore, mais aucun d'entre nous n'est responsable.
La chose que vous savez déjà, c'est que je suis très malheureux et mal dans ma peau, mal à un point que vous ne discernez sans doute pas. Le simple fait de l'écrire me donne les larmes aux yeux.
J'ai fait le choix de vous exposer ma détresse parce que je vous fais confiance et que vous êtes les personnes qui me sont le plus proches. La simple idée de vous perdre suite à ce que je vais vous dire est simplement intolérable.
Je ne suis pas un monstre. Je ne suis pas malade. Je suis juste coincé dans la mauvaise enveloppe corporelle. Je lutte depuis l'adolescence pour me convaincre que je suis une fille, que je suis devenu une femme mais je suis arrivé au point où je n'arrive plus à me voiler la face. Je suis ce qu'on appelle un FtM, Female to Male, ou encore transgenre. J'ai le corps d'une femme mais au plus profond de moi, je suis un garçon.
J'ai lutté des années contre cette idée parce qu'aucune baguette magique ne me transformerait en garçon. J'avais beau connaître les démarches possibles pour changer, je ne pouvais pas les envisager par peur panique de faire fuir mon entourage et de le perdre à jamais. Là, pourtant, la souffrance est devenue telle que je suis prêt à tout perdre pour être enfin moi-même. Enfin… C'est faux, sinon je ne pleurerai pas en écrivant ces lignes.
Oui, je suis un garçon ridicule avec des seins et des hanches que j'ai souvent planqués sous des bandages.
Oui, je suis une fille hyper féminine dans le look, mais c'est pour mieux cacher le véritable moi. Quitte à avoir un véhicule qui ne soit pas le bon, autant qu'il soit beau.
J'imagine qu'à ce moment de mon récit, vos émotions sont trop vives pour analyser, comprendre, et qu'il faudra à chacun de nous du temps, beaucoup de temps. Il faut que vous sachiez que j'ai besoin de vous, aujourd'hui plus que jamais, parce que je suis à bout de souffle, au bord de me briser.
Cette lettre n'est qu'une amorce. Pour le reste, je vous expliquerai de vive voix, ce sera plus simple et là je pourrais corriger des mots maladroits. Mon parcours à venir sera long et difficile mais je veux le tenter. J'ai viscéralement besoin de changer. Si Yann ne l'accepte pas et me quitte, j'irai vivre ailleurs, sans doute en Belgique ou du côté de Reims, voire Paris. La première étape de mon parcours sera la psychiatrie pour confirmer qui je suis. N'oubliez jamais qu'une personne ne se définit pas par son sexe mais par ce qu'elle est au plus profond d'elle-même. Sur ce point, je ne changerai pas. "

Lettre II

Cette lettre est destinée à mon compagnon dont j'ai changé le nom par souci d'anonymat.
Comme la première, elle est réutilisable et critiquable.
" Mon Amour,
Par lâcheté, par crainte ou que sais-je d'autre, je préfère t'écrire ces mots que je te lirai peut-être si j'en trouve le courage. Il faut avant tout essayer de me promettre de ne pas paniquer et de tenter de comprendre.
Je ne sais pas par où commencer, ni quels mots pourraient être adéquats. Il faut avant tout que tu saches que je t'aime, même si je ne le dis pas souvent.
Depuis que je suis avec toi, je lutte de toutes mes forces pour parler de moi au féminin, écrire au féminin. Je ne sais pas si tu as conscience de l'effort que je fais. Dans notre couple, nous plaisantons souvent sur ce fait : tu es la fille, je suis le garçon. Sauf qu'en réalité, tu es le garçon, et moi aussi.
Je te fais mon coming-out mon pauvre Yann. Tu es gay et tu devras l'assumer si tu m'aimes encore après cette lettre.
J'ai décidé d'arrêter de me voiler la face, de me déguiser en fille, d'adopter une personnalité qui n'est pas la mienne. Tu es le mieux placé pour savoir que je rejette mon corps. Tu ne le sais peut-être pas mais je ne me reconnais pas toujours dans le miroir, et rarement en photo. Je sais que tu aimes la femme que je suis mais à l'heure actuelle, le garçon qui hurle en moi veut revenir sur le devant de la scène.
Je ne veux plus de ces nuits d'insomnie où je rêve éveillé et prie pour qu'enfin je me réveille garçon, que je suis né garçon, que rien ne change autour de moi car tout le monde me connait et reconnait comme tel mais la réalité est différente, comme toujours. Il y a longtemps que je sais que je peux changer et aujourd'hui, je veux entamer les procédures. Je n'ai plus rien à perdre. Si je ne le fais pas, la dépression me détruira.
J'imagine que tu penses que c'est à cause d'elle que je fais ce choix. L'œuf ou la poule, qui est le premier ? Je penche pour l'erreur d'assignation sexuelle engendrant la dépression. De toute façon, je vais retourner voir un psychiatre, c'est la procédure, et je pourrai démêler tout ça.
L'idée même de changer me porte à nouveau et vivre au-delà de trente ans me semble une idée cohérente, ce qui n'était pas le cas jusqu'à présent.
J'ai besoin de toi, terriblement besoin de toi. Je n'ai jamais eu aussi peur de ma vie qu'en ce moment car je sais que je peux absolument tout perdre. Beaucoup ne me comprendront pas et disparaîtront de ma vie. Si toi aussi tu fuis, que vais-je devenir ? Je n'ai pas le droit de t'imposer d'aimer les hommes. Je veux juste que tu m'aimes, moi, en tant qu'individu et pas en tant qu'être humain sexué. Si tu veux partir, je ne mendierai pas ta pitié, encore que, je n'en suis même plus sûr.
A l'heure où j'écris ces mots, quelque trois ou quatre heures du matin, je crois que je n'ai jamais autant appréhendé un moment, jamais autant pleuré. Quand je sais que ce n'est que le début, j'ose à peine imaginer mon parcours si tu n'es plus là. J'espère trouver le calme nécessaire pour t'expliquer cela avec des mots spontanés, sans crise d'angoisse, sans lire la peur ou le dégoût dans tes yeux.
Si tu veux du temps pour réfléchir, sache que je te le donne, c'est la moindre des choses. Je te demanderai juste de n'en parler à personne sauf à ceux qui le sauront ou à d'autres FtM comme moi que tu pourras contacter par le biais d'un forum. Les premiers comprendront ton désarroi, les seconds t'aideront à comprendre que je ne suis ni dingue, ni malade.
Ce temps, je te demande de me l'accorder en retour car cette révolution m'est pénible et m'arrache le cœur.
Je t'en demande sans doute trop, bien au-delà de ton amour patient et compréhensif qui fut ma bouée de sauvetage ces deux dernières années. Si tu ne veux pas de ce poids, j'essaierai de comprendre et d'accepter mais je disparaîtrai sans doute de ta vie. Crois-moi, si j'ai conscience que c'est dur et va être dur pour toi, ça l'est tout autant pour moi. Sache juste que je t'aime et qu'au final, c'est la chose la plus importante à savoir."

mardi 28 juillet 2009

Première étape du coming-out

Hier, j'ai passé une nouvelle nuit d'incertitude et de peur.
J'ai donc fait ce que je fais dans ces cas-là : j'ai écrit.
Ainsi, au brouillon, j'ai écrit deux lettres sans même savoir si je serai en mesure de les relire. Si j'en trouve le courage, je les taperai pour vous les présenter.
D'abord une lettre pour ma famille, du moins, ma mère, mon frère et ma belle-soeur. Au fil des mots, je pleurai car je me suis rendu compte que ce qui m'effraie par dessus tout est qu'ils prennent peur, que je les perde, qu'ils me rejettent. En pensant à mon frère en particulier, j'ai eu une magnifique crise d'angoisse qui n'a pu être calmé qu'en respirant dans un sac. J'avais le souffle court, l'impression que mes émotions allaient me tuer.
Ensuite, j'ai écrit une lettre à mon compagnon. Comment lui expliquer, lui qui aime une femme ? Il a beau être "tolérant" (je n'aime pas ce mot, pas plus que l'expression ouvert d'esprit, je préférerai dire qu'il a des réactions normales face aux autres, et rien de plus), j'ai terriblement peur de le perdre. Je lui dit qu'en m'aimant, moi, il n'aime ni une femme, ni un homme... ni LES femmes, ni LES hommes. Il m'aime moi, en tant que personne, pas en tant qu'humain sexué.
Ecrire ces lettres m'a fait du bien, cela a relâché un peu la tension. Depuis plusieurs jours je suis au bord de tout "avouer" (avouer ! comme si c'était un crime !) et me retiens de justesse. Ecrire m'a permis de mettre mes idées en place et évitera, je l'espère, une annonce brutale et peu préparée qui pourrait être encore plus douloureuse pour nous tous qu'elle ne l'est déjà.
Cet après-midi. J'adopte un chaton, donné par mon frère. Je vais donc voir les trois et je ne sais pas encore si je dois leur dire ou non. Je glisserai la lettre dans ma poche et verrai au fil de l'ambiance. Si mon père et là, je musellerai ma voix car lui ne comprendra pas, ou s'en foutera ce qui serait peut-être pire.

lundi 27 juillet 2009

Freak Trans Mission ?



Pourquoi un tel nom ?
Parce qu'il définit mon ressenti, l'impression d'incohérence qui règne dans mon corps.
FtM, qu'est-ce que c'est ?
Female to Male. Je ne ferai pas de longs discours mais vous renverrez sur ce site bien fait qui explique simplement les choses : FTM Variations
Pour commencer, qui suis-je ?
Pas une fille, pas un garçon. Je suis un Autre. Je peux parler de moi au masculin comme au féminin selon l'humeur et peu importe : Je ne me définis pas par une paire de seins ou un sexe.
Je suis la petite fille qui a toujours rêver d'être un garçon, l'adolescente qui priait un dieu auquel elle ne croit pas pour que son corps mute, la jeune femme qui aimerait fumer sa clope à la fenêtre, torse nu, sans que ses voisins deviennent hystériques.
Ce blog se crée en même temps que ma démarche d'acceptation de ce que je suis. Les normes sociales m'ont enfermé dans le carcan de la dépression car j'avais le sentiment de ne pouvoir être cet Autre.
Aujourd'hui, je prends conscience de mon erreur.
Ma première étape sera d'en parler à mes proches, faire mon coming-out, avant tout parce que j'en ressens le besoin, et que sans leur soutien je n'aurai plus qu'à me faner et mourir.
Les premiers messages auront donc trait à cet aspect de mon parcours.
Je demanderai aux personnes lisant et commentant ce blog d'avoir de la mesure de leurs propos. Chacun est différent, unique et je ne me permets pas de vous juger sans vous connaître, faites de même en retour s'il vous plaît.