mardi 29 décembre 2009

Résolution(s)

Ce week-end, j'ai vu mes amis parisiens et enfin j'ai pu leur parler.
Cette étape était décisive, je m'en rends compte à présent, comme si j'avais besoin de leur accord pour me lancer pour de bon dans l'aventure.
Ma résolution a pris du galon et je suis enfin sûr de mon choix. Finalement, ce délai de un an va sauter et dès mon prochain rendez-vous psy, je vais entamer ma quête d'attestation pour avoir les hormones.
2010 est pour moi l'année de ma renaissance. J'ai hâte d'y être. Plus le temps passe, plus il m'est difficile de supporter mon corps dans son état actuel. J'ai beaucoup de mal à sortir non bindé à présent, au point où je me demande si je en vais pas m'outer à la fac, bien que cela me semble toujours à l'heure actuelle une mauvaise idée. Quoiqu'il en soit, je devrais en passer par là si je commence le THS entre le début et la fin de mon stage (fin signifiant soutenance)
Je me rends compte que je ne fais pratiquement plus que cauchemar, et que, bien que je puisse avoir des moments de faiblesse, je ne sombre plus dans le désespoir comme avant, à ces moments atroces où la vie me semblait trop longue et sans solution aucune, pas même la mort. Mes rêves, mes prières vaines.... à présent, j'ai compris que plutôt d'attendre l'intervention d'un hypothétique dieu, mieux valait se prendre en main et tisser soi-même son destin.
Finalement, cette aventure me fait mûrir.

jeudi 17 décembre 2009

Laisser une trace.

Cette nuit, j'ai fait un rêve.
Je me voyais, moi, de dos, un beau dos en V avec deux tatouages sphériques, un en haut, un en bas.
Je crois que la question de marquer ma peau n'a jamais été aussi prégnante qu'en ce moment. Il y a bien dix ans que je rêve de me tatouer, repoussant toujours l'échéance à cause de la difficulté à trouver un motif, puis de la peur de regretter le dessin et le sens donné, ou juste de le trouver raté.
Depuis peu, les choses m'apparaissent plus clairement et je me visualise mieux. Même les motifs, trois pour être précis dont deux dans le dos, me semblent trouvés, choisis, définitivement. Je ne les détaillerai pas pour le moment, j'attends d'être sûr et de toute façon, ça ne sera pas pour tout de suite. Tous trois ont une signification très forte pour moi.
Précisons qu'il y a des années que je suis surpris quand je me vois en photo, que je ne me reconnais pas. J'ai des centaines de clichés de moi à la recherche de qui je suis mais tous sont vains. J'ai le sentiment que depuis peu, cela change, que je sais enfin qui je suis, et cette certitude de motif en est l'illustration.
Hier aussi je me suis plu en me regardant dans le miroir. C'est rare, mais délicieux.
Mon prochain rdv psy est, ô lolitude de la date, le 24 décembre. Je me demande si je ne vais pas commencer à lui parler de l'attestation (pour pouvoir commencer la testo), histoire de tâter le terrain. histoire de continuer ce chemin vers moi-même

jeudi 10 décembre 2009

Contre-coup

D'abord merci à tous ceux aussi, par le blog ou ailleurs, me soutiennent et me rassurent en post-coming-out.
Je m'explique car il me semble que cette situation est importante.
Dans mon billet précédent, je disais que mon coming-out auprès de ma mère s'était bien passé, et c'est toujours le cas. L'enthousiasme est à mitiger cependant, et je tenais à l'évoquer car ça peut arriver à n'importe lequel d'entre nous (ça fait secte, cette expression)
Ne pas paniquer. Tout se passe toujours bien mais j'ai appris par mon frère que lui-même et ma mère avaient pleuré suite à mon départ, après l'annonce faite à ma mère.
Ils ont peur, tout simplement. Peur que je fasse une erreur, peur que j'aie des regrets, peur des hormones, de la chirurgie, peur du regard des autres sur moi pendant la transition et que je ne le supporte pas ou que j'ai des problèmes d'intégration.
Malgré tout, quoiqu'il arrive, ils me soutiendront, mais je pense qu'il est important de bien rappeler à chacun que cette annonce n'est pas anodine et qu'elle change la vie de nos proches également.
Les meilleurs armes restent le dialogue, le temps et l'indulgence.
Répondre à toutes leurs questions, même si elles sont maladroites (auquel cas leur expliquer pourquoi)
Laisser le temps à chacun de comprendre et d'accepter
Laisser à nos proches le droit à l'erreur, de se tromper de pronoms ou autre. Tant que ce n'est pas du déni pur et simple, du genre je t'offre une jupe et des talons aiguilles, il faut leur laisser le droit de chercher leurs propres mots, de réinventer le code du langage. Est-ce vraiment facile de dire "il" à leur sœur, leur fille, leur femme ? Il ne sert à rien de se sentir blessé, juste leur rappeler gentiment et tout se passe au mieux.
*** (oh des étoiles !***
Oui, une petite césure afin de passer un autre sujet pour lequel je ne ferai pas un post de plus.
Mon rendez-vous psy du jour a été très intéressant, davantage dans le dialogue qu'il ne l'a jamais été.
Déjà, on a papoté coupe de cheveux, parce qu'avec les cheveux courts ils sont blonds alors qu'ils deviennent sombres en étant plus longs. C'est un détail anodin que cet échange, mais je trouve que ça dénote une sympathie mutuelle qui s'installe.
Je lui ai également expliqué comment se passait le changement d'état-civil, à sa demande. Il semble ne pas du tout être d'accord avec l'idée de stérilisation forcée et m'a parlé de Thomas Beatie, FtM connu pour avoir eu une grossesse. Il trouvait ça intéressant et était totalement pour. Il a aussi déploré que mon compagnon et moi ne pourrons pas nous marier un jour si nous le souhaitons !
Franchement, je crois avoir trouvé une perle !

mardi 8 décembre 2009

Auprès de ma mère...

*air connu*
"Auprès de ma mère,
Qu'il fait bon, fait bon, fait bon,
Auprès de ma mère,
Qu'il fait bon grandir !"
Bon, ok, on va oublier les centimètres pour grandir, mais mon moi profond le fait lui.
Samedi, enfin, j'ai osé parler à ma mère de cette situation qui me bouffe le cœur depuis si longtemps.
Elle était seule à la maison, alors j'en ai profité. Je lui ai demandé de s'asseoir...
Moi : "Maman, j'ai quelque chose à te dire de très important. quelque chose qui va transformer ma vie et dont tu n'es absolument pas responsable. D'abord il faut que tu saches que je t'aime, même si je ne te le dis jamais. C'est très important. Et quoi que je fasse aujourd'hui, cet état de fait ne changera pas. Il faut que tu saches que je vais bien, même mieux que jamais car j'ai toujours le nœud de ma dépression"
Elle : "C'est vrai qu'il y a longtemps, beaucoup trop longtemps que tu ne vas pas bien."
Moi : "Je vais enfin te dire pourquoi je dois voir un psychiatre. Celui-ci confirme que je suis réfléchi et bien dans ma tête. Ce que j'ai à te dire est très dur. D'ailleurs, je sens déjà que je vais pleurer"
Je me ressaisis, ce n'est pas encore le moment, je ne me souviens plus exactement des mots, bien sûr, mais cela donnait à peu près ça.
Moi : "Il faut que tu saches que je n'ai jamais été à l'aise avec mon identité, même si j'ai fait des efforts ces derniers temps pour vivre en tant que femme. Au fond de moi, je suis un garçon, et j'ai décidé à présent de vivre pleinement cette identité. Je sais que ça peut être difficile à concevoir, mais c'est ce qui sera le mieux pour moi. Il faut que tu le saches car je ne peux plus faire semblant, mais j'ai tellement peur de te perdre que je n'ai jamais osé en parler avant."
Un moment de silence, bref, mais qui me semble interminable.
Elle :"J'avais deux fils et une fille, maintenant j'ai trois garçons."
Je vous épargne la suite de l'entretien. Elle l'a pris de façon sublime, simple et naturelle. J'ai pleuré dans ses bras J'ai enfin pu lui dire à quel point je l'aimais, à quel point point elle était importante pour moi. La seule chose qui l'a inquiétée fut de savoir comment avait réagi mon compagnon. Elle a été soulagée d'apprendre qu'il l'acceptait parfaitement.
Je ne peux pas encore mesurer le soulagement ressenti et plus encore la force qu'elle m'a donné pour continuer mon parcours. C'est à ce moment précis que je me suis senti légitime et fier de qui je suis. J'ai le sentiment que ce 5 décembre est une date primordiale, comme si elle représentait vraiment le début de tout.
Je sais que j'ai de la chance, énormément de chance,et je souhaite la même chose à quiconque. J'espère que mon témoignage pourra donner le courage à d'autres de faire ce que moi je regrette d'avoir si tard.