jeudi 21 janvier 2010

[&] De la légitimité

Voilà le retour du partenaire pas si particulier.
Commençons cash par l'explication du libellé. J'aimerais parler de légitimité. En effet, je me suis toujours senti concerné par ce qui touche l'humanité, en faisant moi-même partie, mais dans le cas présent il s'agit de quelque chose (la lutte pour l'égalité des droits, la reconnaissance, l'absence de discriminations pour les personnes trans') qui me concerne presque au premier chef.
Et j'insiste sur le « presque », car en effet lors des récentes discussions que j'ai pu avoir, mon avis sur les luttes, sur la visibilité, etc. m'ont souvent semblé après coup péremptoires, du fait justement que je m'exprimais sur un sujet dont je n'étais finalement pas le tout premier concerné, et sur lequel je suis loin d'être suffisamment informé.
C'est ce qui explique finalement ma gêne lors d'évènements reliés à la transidentité (que ce soit l'Existrans' ou le colloque d'hier (« Transgresser le genre » [1])), où si tous sont bien sûr conviés, me reste toujours cette peur que me soit reproché de parler de choses que je ne connais pas moi-même. D'un autre côté, je sais également que les gens que je côtoie bien loin de me le reprocher, approuveront au contraire tout engagement dans ce sens, et qu'il est sûrement vain d'évoquer ce genre de réflexions sur ce blog.
Cela dit, je trouve cela intéressant le parallèle qui peut être fait entre une transition et un nouvel engagement militant et les questions qui en découlent par rapport à l'acceptation de ses pairs, le jugement des puristes ou des experts autoproclamés, et la prise de distance vis-à-vis de cela pour se construire sa propre identité (de genre ou politique).
Bon, d'accord, si j'en reste là on va dire que j'ai fait ce billet uniquement pour pallier à mon apparente désertion du blog ces derniers temps. Promis, bientôt je parlerai de mes interrogations personnelles sur mon genre (que de possessivité), du constat semblable à celui de K. (il est un homme, et c'est aussi pour moi une surprise que de « découvrir » à chaque fois les attributs physiques féminins), des gens du Centre qui sont trop bien, et tout ça.
[1] Transgresser le genre : enjeux et (re)configurations. Journée d'étude organisée par l'association (loi 1901) EFiGiES. Je n'étais présent que pour les conférences du matin donc je ne suis franchement pas le mieux placé pour en faire un compte-rendu.

Et si... (bis)

Et si je n'étais pas trans.
Ce sentiment, plus le temps passe, plus il devient présent, presque comme une évidence.
C'est très curieux comme impression, et sans doute cela survient-il car j'avance dans ma réflexion.
Je surprends mon reflet dans le miroir, ne me reconnais pas.
Je suis étonné quand je me déshabille et que je découvre une paire de seins.
Au final que mon passing soit misérable ou pas, le constat est le même :
Je ne me sens pas homme, je suis un homme.
Dès le début, j'ai ressenti mon coming-out comme gay et non comme trans. J'avouais à tous que j'étais homo avec le même sentiment d'absurdité que celui d'avouer un pseudo crime (personne ne sort du placard en s'exclamant qu'il est hétéro !)
Finalement, ce qui m'est le plus dur, c'est d'accepter ma part de féminité, assez forte, et d'assumer qui je suis.
La transition physique en tant que telle me paraît de plus en plus être une formalité pour être enfin content de mon corps et ne plus voir de surprises en le regardant.
Je ne pense pas être en mesure de revendiquer mon identité trans, de la placarder au nom de nos droits légitimes. J'ai juste l'impression d'être un gars comme un autre, qui a plus de travail pour accepter sa taille que d'accepter le reste de son apparence.

samedi 16 janvier 2010

Complexe d'infériorité

Super titre hein ?
Rassurez-vous, le moral va plutôt bien malgré un bourrage de crâne intensif pour la fac.
Je titre ceci à cause du malaise assez puissant que j'ai ressenti hier dans un bête H&M que j'ai exploré en quête d'une bonne affaire.
J'étais pourtant accompagné de ma moitié mais je n'ai pas pu explorer les rayons du fond de la section homme. Les lillois sauront que dans notre cher H&M de la rue de Béthune, ils ont eu la riche idée de faire des présentoirs très hauts (environ trois mètres)
Il y faisait très chaud et fureter au milieu de ces hommes minces, en chemise ou t-shirt, tous plus grands que moi m'a mis puissamment mal à l'aise.
Je sais que je ne résoudrai pas dans l'immédiat cette manie de me comparer mis pour le moment ça me blesse.
La bonne nouvelle est que mon découvert n'a pas eu à subir une crise d'achat compulsif.

mardi 5 janvier 2010

De la sensiblerie à la sensibilité

Commençant à envisager la testo de façon concrète, je m'interroge également sur les répercussions, pas tant physiques que mentales.
J'ai vu dans un roman que j'ai honte de lire une phrase m'ayant marqué. Je ne la cite pas au mot près mais cela disait : "je quitte l'humanité pour l'inconnu". Mis à part l'immense vacuité de cet ouvrage, je trouve qu'il pose une réflexion intéressante pour notre cas. Sans vouloir céder à la Twillight-mania, il est amusant de lire le parcours intérieur de cette jeune fille quittant un état pour un autre et je ne peux m'empêcher de faire des parallèles avec ma situation.
Dans mon cas, ce serait quitter un état de "femme" pour l'inconnu, car finalement, je ne peux que spéculer sur ce que sera mon avenir. Bien sur, je suis dans la conviction intime d'appartenir au genre masculin, mais cette vision n'est-elle pas faussée/idéalisée/romancée ?
Au final peu importe puisqu'à l'heure actuelle, maintenant que les choses se clarifient dans mon esprit, je vis de plus en plus mal mon genre apparent. Chaque "elle", chaque accord féminin me heurte de plein fouet et me blesse, tirant toujours mon moral vers le bas. Ma solution actuelle est de me perdre en jouant à tel ou tel jeu pour me vider la tête, serrer les dents quand je dois affronter le réel et tâcher de garder la tête haute, de faire bonne figure pour les trois mois me restant à tirer dans cette maudite fac où je ne suis pas outé.
Dans mon petit monde fabulé de la masculinité, j'ose espérer que la testostérone me fera glisser d'un état de fragilité intérieure vers davantage de force, de la sensiblerie à la sensibilité.
Je suis las de lutter chaque jour contre des deuils trop lourds dont je n'arrive pas à me guérir. J'aimerai pouvoir respirer et relativiser, même s'il me semble utopique que la testo pourra être le remède.
Mon seul recours est de me dire qu'en étant enfin moi, j'aurai les épaules assez solides pour prendre en main ma vie et me réconcilier avec mon vécu.
Je sais pertinemment que la transition n'est pas la solution-miracle, mais je ne peux m'empêcher de garder espoir. Que chaque battement de mon cœur trop lent se fasse dans la sérénité, non plus dans ce marasme prégnant qui m'empêche de vivre pleinement.
Je ne serai jamais un homme fort, cela me semble utopique, mais j'aimerai juste être en mesure de gérer l'émotionnel, que celui-ci s'applique enfin à bon escient.