dimanche 27 novembre 2011

Transitionner, c'est pas facile.

Et si on écrivait un article autre que la mise à jour de son torsounet ? Bonne idée , n'est-ce pas ? Et bien commençons avec un post super joyeux.
Je suis taraudé de questions depuis quelques temps (depuis ma naissance ? ha ! ha !) J'esaie de mettre les choses en place, mais je n'y arrive pas. Tout simplement.
Je joue à l'ascenseur émotionnel en ce moment, avec des phases de bien-être relatif et des phases franchement noires. J'ai l'impression que la transition physique n'est rien face à la "transition d'esprit", expression lue il y a peu et que je trouve très juste.
Je m'aperçois qu'en ce moment, je suis plongé dans cette transition-là, avec férocité. Il y a deux aspects, d'abord l'aspect mental. J'ai l'impression d'être dans un corps morcelé : une tête de fille, des bras de fille, un torse de mec, un corps de fille depuis le dessus du nombril jusqu'au bas des pieds, truc gras et informe. Ça me pose problème et suscite le fait que je ne suis absolument pas sûr de moi, que je mets des plombes à m'habiller, que je ne suis jamais à l'aise quoique je fasse comme effort pour gommer les courbes féminines. J'ai toujours eu des soucis de confiance en moi, et j'ai le sentiment qu'ils sont exacerbés ces derniers temps. Le miroir me pose vraiment problème. Il y a des jours où je me trouve beau, du moins je me plais, et des jours où je ne supporte strictement pas ma tête, mes hanches, mes bras. La taille aussi recommence à vraiment me poser problème alors que je n'arrête pas de croiser des mecs bios franchement plus petits que moi ou de ma taille.On m'a dit que ma taille jouait contre mon passing. Cette phrase m'aura plus meurtri que je ne l'espérais.
J'en viens du coup à l'aspect mental. Au fil de mes réflexions, je me rends compte que je serai peut-être plutôt agenre. Socialement, je me sens plus proche, et plus à l'aise avec les femmes. Avec les hommes, je ne me sens strictement pas à ma place, j'ai toujours la pression quand je parle à un gars. Néanmoins, j'ai l'impression de n'appartenir ni à un monde, ni à l'autre. Comme si physiquement, je cherchais à m'apparenter aux hommes mais que mentalement, ce serait plutôt une orientation vers les femmes. Pourtant, m'identifier agenre me gêne profondément. Je ne m'y sens pas à l'aise non plus, déjà parce que cette place est extrêmement inconfortable en société, et que non, ce n'est pas une question de n'être ni l'un ni l'autre, ou un troisième genre, ou deux genres à la fois. Le genre masculin me convient même si je n'entre pas dans ses canons, ses stéréotypes.
Je pense que le fait que je ne passe pas est crucial dans ce cheminement. Si je pouvais me présenter au masculin sans ambiguité, je pense que je vivrais mieux la situation. Là, chaque sortie et une lutte, chaque fois je dois dire à chaque personne rencontrée que oui, je suis bien un mec, et là, j'arrive à un point de saturation sur mon absence de passing.
J'ai du mal à gérer la dichotomie entre mes aspirations à l'androgénie et l'affirmation de ma place d'homme en société. Hier, je suis allé à une soirée Rockabilly. La majorité des gens étaient habillés en conséquence, moi itou. En résumé : filles très filles (robe, maquillage pin-up...) et les mecs très mecs (chemises, rouflaquettes et compagnie) Et moi là dedans ? J'avais vraiment le sentiment d'être une fille déguisée en mec malgré ma superbe chemise rockab' que j'aime d'amour.
En a résulté un profond sentiment de malaise, sans compter qu'il y avait un monde fou, sans compter que j'ai croisé des gens que je côtoyais pré-T et qui ne m'ont pas reconnu (et c'est tant mieux). Tirer un trait sur le passé, ce n'est pas simple non plus mais je ne voulais pas qu'ils me reconnaissent, je ne voulais pas avoir une millième fois à expliquer mon parcours et devoir justifier mon choix de vie.
Je crois que je n'ai jamais été aussi fragile qu'en ce moment, sans compter que s'y ajoutent d'autres soucis que je n'évoquerai pas ici. J'ai le vif sentiment d'être déraciné, de quitter une réalité que je connaissais bien et que je vais appeler à l'arrache "le monde des filles". Je pense que cela a été particulièrement difficile, car dans une soirée "classique", où les gens sont habillés comme au quotidien par exemple, il s'agit là d'un terrain neutre, un monde qui ne me concerne pas vraiment. Que là, être plongé dans le rockab', un monde que j'ai pas mal fréquenté en exacerbant ma féminité en mode pin-up, dans une forme de féminisme mis en avant, un univers dont je connais très bien les codes. Là, j'ai l'impression d'être balancé dans le monde des hommes sans aucun mode d'emploi. J'ai l'impression qu'il me manque tout le background d'une enfance et adolescence masculine, et j'ai eu le sentiment d'être la fille qui joue au mec, vraiment l'impression de ne pas être à ma place.
A cette soirée d'ailleurs, j'ai croisé un (très beau) jeune homme. Grand et fin, une crête, maquillé. Je lui en ai vraiment voulu d'être ce que je voulais être. Mais je ne serai jamais grand, jamais fin, et il avait beau avoir un look androgyne, il n'offrait pourtant aucun doute sur son état de mec. C'est ça que je recherche, mais ça m'est inaccessible. Je pense que je vais avoir du mal à gérer ça encore un temps. Le problème, c'est que ça altère sacrément mon moral. Là, j'ai juste l'envie de m'enterrer dans ma grotte et de ne plus jamais en sortir, ne plus être confronté au monde, ne plus me heurter à ces points de comparaison qui ne font que me ruiner le moral.
Je n'ai plus envie d'entendre les couacs des gens qui laissent échapper du féminin à mon encontre, je ne veux plus qu'on me parle de ma transition. Je veux juste être un homme lambda sans que cela soit remis en question dès que je fous un pied hors de mon appartement. Je suis vraiment fatigué de tout cela. Je me dis que je devrais peut-être aller voir un psy, vider mon sac, mais là, même souci. Si c'est pour tomber sur quelqu'un qui me dit de m'habiller bien en mâââââle et de me couper les cheveux pour être bien bonhomme, ça va juste me plomber ce qui me reste d'amour propre. En gros, je ne me sens pas assez fort pour entamer les démarches de trouver un psy souple et compréhensif, mais paradoxalement, j'en ai besoin.
Voilà bien le mot de la fin : le paradoxe. C'est vraiment ce qui m'habite en ce moment. Le paradoxe entre les différentes parties de mon corps, celui entre ce que je ressens et que j'ai du mal à cibler, ce que je voudrais montrer et ce que les gens perçoivent. Apprendre aussi à passer du statut de belle femme populaire à avorton introverti totalement invibilisé. Ça aussi, ça pourrait s'arranger. Si j'avais plus confiance en moi. Mais là, non, je n'y arrive pas. J'espère conserver des sursauts de bonne humeur, comme il m'en arrive encore parfois. J'aimerais surtout pouvoir vivre sans peur, mais ça, ce n'est vraiment pas gagné.

vendredi 18 novembre 2011

Torse à 5 mois et 9 jours

Hello tous !
Fidèle à mes habitudes, j'avance l'idée de faire des articles intermédiaires et je me retrouve à poster la mise à jour mensuelle de mon torse.
A savoir que j'ai eu un petit souci avec un fil qui est remonté à côté de l'aréole droite. C'était juste bizarre, pas d'infections ou de douleurs. Là, je pense avoir évacuer tous les morceaux, ce qui reste à vérifier car d'autres bouts sont sortis alors que je pensais avoir tout retirer. Là, mon corps l'évacue simplement, et cela s'en va comme un bout de peau morte.

jeudi 13 octobre 2011

Torse à quatre mois

Hello tout le monde !
Décidément, ces derniers temps, je ne poste que pour mettre des photos de mon torse. Il se passe pourtant des choses dans ma vie, mais je ne veux pas tout mélanger dans mes articles. Bilan, je ne parle de rien puisque je me rappelle de mon blog qu'au moment de la mise à jour mensuelle.
Ne blablatons pas plus, les photos arrivent. J'ai réussi à faire des photos nettes des aréoles pour qu'on se rende bien compte de l'évolution. A noter qu'à l'heure actuelle, je zappe trop souvent les massages, mais que par contre, je continue à utiliser le cerederm même si mon chirurgien m'avait dit deux mois, je pousse l'échéance à quatre mois car j'ai lu un avis de dermatologue qui préconisait cette durée. C'est peut-être du flan mais au moins je ne pourrais pas me faire le reproche de ne pas avoir tout tenté pour avoir de belles cicatrices (ce qui est le cas !)
A noter que les plis rouges qui apparaissent le long des incisions sont les marques du cerederm, toujours longues à partir, même après la douche.

[Retrait des photos]

jeudi 15 septembre 2011

Torse à 3 mois et 6 jours

Hello tous !
Voilà une MàJ de mon torse à un peu plus de trois mois post-op'
A noter :
  • Une nette diminution récente de la douleur de l'hématome sous le bras, à droite
  • Une diminution des plis centraux et du surplus de peau
  • Les sensations n'évoluent pas vraiment sur les aréoles, mais la peau alentour redevient comme avant, hormis la zone sous les aréoles.

dimanche 21 août 2011

Torse à 2 mois et 10 jours

Hello tous !
En ce moment, je bourlingue pas mal, et pas trop le temps de donner des news. Je vous rassure, ce silence n'est pas un signe de mal-être, bien au contraire, j'ai envie de faire plein de choses (même si la procrastination me frappe, comme d'ordinaire !)
Bref, trêve de blablas ! Je vous présente mon torse à deux mois post-op. Toujours content, même si les soins me pèsent, je l'avoue.
Avant de prendre ma douche, j'ôte mes pansements et masse le tout. Mes cicatrices sont souples, il n'y a plus d'adhérences. Reste une petite boule à la pointe externe de la cicatrice gauche, là où j'ai une oreille de chien (petite pointe de peau vaguement triangulaire) que j'espère voir disparaître à terme. Au pire, bistouri à un an post-op.
Mon aréole gauche, celle qui présente un trou, continue son chemin de cicatrisation et j'ai moi-même été surpris de voir la différence avec mes dernières photos (je ferai un post récapitulatif de l'évolution un de ces quatre)
Mon aréole droite évolue bien aussi puisque le téton commence à "pointer" et à réagir aux stimulations. De ce côté, dans la zone sous le bras, j'ai encore des douleurs, mais je compte sur le temps pour que ça passe.
Le pli que j'ai au centre se résorbe aussi peu à peu. Il se voit davantage quand je me tourne, chose qu'on verra sur les photos ci-dessous.

dimanche 17 juillet 2011

Et les soldes ?

Aujourd'hui, je connais l'immense frustration d'avoir un torse de rêves et le porte-monnaie à sec qui m'empêche de faire les soldes, VDM.
Depuis le début de ma transition, je note chaque début de moi mes mesures afin de me faire une idée de l'évolution de mon corps. C'est d'ailleurs amusant de constater que je n'ai pas perdu tant que ça au niveau du torse avec la mastectomie, mais passons.
Aujourd'hui, je connais un problème existentiel à savoir l'achat de fringues. Il y a des années déjà que je ne fais plus les boutiques. Cela me terrifie, je me sens particulièrement con, je ne sais pas pourquoi, mais je crois qu'on est nombreux dans ce cas là.
De plus, je suis particulièrement difficile et exigeant quant aux coupes, aux matières, etc. J'ai une garde-robe sublime à faire pâlir (davantage si c'est possible) n'importe quelle jeune fille goth. Et c'est là qu'est l'os. J'avais/j'ai un coup d’œil infaillible pour deviner que telle fringue moche sera magnifique portée, qu’unetelle peut entrer dans ce bustier sans aucun souci, qu'une petite reprise à l'emmanchure, là, jusque comme ça, et oui, voilà, le tombé est parfait.
Amusant, hein ? Car je suis infoutu de faire de même du côté masculin. Sans compter que j'ai quelque exigence quant à mon  look, et autant je trouvais ça simple en vie de femme, autant cela relève de l'impossible en vie d'homme. Comment faire pour avoir une fringue potable à un prix normal (car plus souvent que chez les femmes, j'ai l'impression, la qualité n'est pas au rendez-vous si on n'y met pas le prix fort) Et puis, mes fringues de fille, je savais les accessoiriser, les mettre en valeur et n'importe quelle merde de chez Pimkie devenait or noir entre mes doigts (ben oui "noir", parce chui dark, m'voyez)
Bref, le comble de mon désespoir, le point d'orgue, le climax, le truc insoupçonné qui me tombe pourtant sur le nez... ! Je ne connais pas ma taille. C'est fou. Première fois de ma vie que ça m'arrive. Auparavant, clic clic, achat par correspondance, je savais ce qui m'irait ou non. Bilan, je prends mes mesures d'une main, et j'arpente les sites de l'autre, et que vois-je ? Des t-shirts, des chemises parfait(e)s aux épaules mais trop serré(e)s à la taille.
Argh ! Ces hanches ! Ces maudites hanches môôôôôôdites même ! (à prononcer avec une voix tremblotante, la base même de la malédiction en araméen) Bilan des courses, je me dis qu'acheter un pantalon est pure folie, et pas seulement à cause de mon budget. Selon tel site, je fais du 40, selon celui-là, du 44 (what ? oO)
Parce que ces vaches, sur leurs sites, en plus d'alterner entre taille US et taille française, nous dise de prendre les mesures à la taille, soit le point le plus étroit du bide, au-dessus du nombril. Je veux bien, bande de moules, mais j'ai des hanches larges comme un pare-choc de 4x4 !
Et là, on fouille sur le net, on chouine un peu, on râle beaucoup et on trouve ça :
Tableau aille confection homme
The Holy Grail !
Ô Broadway ! Ô Byzance !
Notez bien, qu'enfin, on a droit à la mesure taille (ceinture, c'est façon Chirac, hein ! C'est à dire au point le plus étroit, comme évoqué plus haut) et le tour de hanches (notre bassin, qui semble au moins méditerranéen dans notre cas)
En fit, ce gentil tableau nous informe qu'on fait du 28 US et 38 Fr. Merci ! \o/ Je me disais aussi que les fourbes 3 Suisses et la redoutée Redoute se moquaient de notre poire !
On constata par la même occasion qu'on a des mensurations de boy tout à fait normales ! Ça n'a l'air de rien comme ça, mais ça fit un bien moooonstrueux au moral.
Bilan, il nous reste à trouver une boutique cheap proposant des produits de base suffisamment sympas pour être remis à notre sauce. Parce que les boutiques alternatives... elles n'ont d'alternatives que le nom quand on voit les prix fabulistes pratiqués. Je ne vais pas dépenser 120 euros pour un fut' soit-disant underground (il y a quoi d'underground à vendre basse qualité à prix d'or ?)
Bref, sur ces digressions, je vous laisse profiter de ce tableau qui pourra vous servir z'aussi.
N.B1 :  Je suis navré de ne pas avoir noté le site d'où il parvient, ce n'est pas mon genre, mais dans mon euphorie, j'ai perdu le sens des politesses.
N.B2 : Quand je fais une tête outrée sur le 44, c'est juste parce que cela contredit mon œil aviseur de taille, n'allez pas croire que je suis grophobe, ce serait une monumentale erreur. (:
N.B3 : Voui, le terme grophobe est bizarre, mais je l'assume, j'ai été gros.

jeudi 30 juin 2011

Torse à J+21

Hello tous !
Nous sommes aujourd'hui à J+21.
Je suis absolument ravi du résultat. Je trouve l'ensemble harmonieux et la cicatrisation se fait bien : grâce à l'homéopathie avec le Staphysagria 9 CH ? Aucune idée. En tout cas, ça évolue dans le bon sens et tout risque de nécrose est écarté, tout comme il semble que les greffes ont bien pris même si le verdict sur ce point sera dans 10 jours.

jeudi 23 juin 2011

Et un joli torse, un !

Et oui ! Enfin des nouvelles !
Il faut dire que j'attendais les quinze jours révolus pour parler de mon opé, hahaha ! (Non, c'est faux, j'avais juste une grosse flemme)
J'ai donc fait ma mastectomie le 9 juin dans la douce de ville de Montauban'g, chez nos amis du Sud qui m'ont refilé leur accent pendant quelques temps.
Je ne vais pas entrer dans les détails techniques du déroulement de mon voyage, sauf si cela intéresse un lecteur du blog qui ne fréquente pas les divers forums où je me suis exprimé sur la question. Ces détails sont surtout utiles pour ceux qui veulent faire la même opé au même lieu.
A quinze jours, donc, ma cicatrisation suit son bonhomme de chemin avec une belle efficacité. Je suis extrêmement content du résultat, meilleur que ce que j'espérais ! Le hic, maintenant, est que je vois mon gros bide, ha ! ha ! et pas de sport avant encore un mois et demi pour faire disparaître ça.
J'ai plutôt la pêche aujourd'hui, même si ça a été dur ces derniers jours. Divers soucis me taraudent mais en ce jeudi ensoleillé, la douce chaleur et les rayons du soleil redorent mon moral.
Pour le moment, j'ai un boléro. Rien à voir avec Ravel, c'est un gilet compressif pour éviter les œdèmes et l'élargissement des cicatrices, il me semble. C'est assez inconfortable, ça me fait mal au dos et au ventre. Par contre, le torse en lui-même, je n'ai quasiment pas de douleurs, et, mieux ! les sensations reviennent, moi qui craignaient de perdre la sensation du toucher sur cette zone, tout revient plutôt bien.
Je ferai une mise à jour de l'évolution de la cicatrisation. En attendant, une photo prise hier au changement de pansement.

[Retrait des photos]

mardi 31 mai 2011

J-8

Allez, un p'tit up pour la route !
D'abord, pour en revenir à ma crise articulaire, finalement, elle n'est pas allée très loin : davantage localisée sur les genoux, moins sur les hanches que d'ordinaire. Un peu titillé aux épaules et aux coudes. Une bonne nouvelle donc, même si mes crises prennent une forme différente que je ne sais pas encore gérer. Affaire à suivre donc !
Ensuite, nous voici à J-8 de ma mastectomie. J'ai eu pendant une petite semaine quelques angoisses à ce sujet. La peur de me tromper, la peur d'être déçu du résultat, la peur de mal supporter l'opération. Bref, tout un tas de petites choses dérangeantes mais en parler sur un forum m'a fait beaucoup de bien, et me voilà plus serein. Aujourd'hui, je suis allé dans une pharmacie spécialisée en homéopathie et j'ai donc un traitement en pré et post op. Pour les hémorragies, le réveil de l'anesthésie et la douleur. Je suis homéo-sceptique, mais qui ne tente rien n'a rien. J'ai eu la chance de tomber sur un pharmacien qui m'a semblé comprendre à mi-mot pour quel type d'opération je venais et a été d'une grande prévenance, je dirais même d'une certaine complicité, ce qui est vraiment très appréciable.
Enfin, un autre point dont j'avais envie de parler, très surprenant mais qui 'ma propulsé sur un nuage. Ma mère a vu ce midi le témoignage d'une femme trans dans l'émission de santé de la 5. Forcément, je l'ai appelée ensuite pour en parler et quelle surprise ! Déjà, elle a parlé de cette dame avec beaucoup de respect, en ne se trompant pas de genres, en compatissant pour les conflits qu'elle a avec ses enfants. Elle m'a dit aussi qu'elle préférait le terme transgenre, qu'elle trouvait plus approprié puis que ça 'a rien à voir avec l'orientation sexuelle. Je suis tombé des nues. Ma mère a, au fil du temps, tout synthétisé dans le bon sens.
Mieux, elle a parlé de moi à une de ses amies qui lui a dit qu'elle comprenait qu'elle accepte que je sois transgenre, mais qu'elle ne comprenne pas son acceptation de ma nouvelle orientation sexuelle (aka, je suppose, le fait que je sois gay) et là... ET LA ! bon sang, ma mère m'a défendu bec et ongles, et m'a dit que grâce au témoignage de Delphine P dans cette émission, elle avait les bons mots pour expliquer à son amie toutes ces différences. Je suis sur le cul. Pendant que je marinais dans mon coin à me lamenter des "elles" toujours employées, ma mère a fait un sacré bout de chemin. Je me sens tellement soulagé, je n'ai pas de mots pour ça. Je sais que ce n'est pas gagné encore, mais au moins, je sens que l'acceptation réelle vient peu à peu et ça n'a pas de prix.

samedi 14 mai 2011

F*cking disease

Eh bien !
Je me suis donné pour objectif de sortir plus souvent. Hier déjà, et aujourd'hui... C'était super, et ça m'a vraiment fait du bien mais voilà que ma vieille polyarthrite refait surface. Je n'avais quasiment plus fait de crise depuis le début de la T. et voilà que ça revient.
Je ne peux pas tendre ma jambe droite et la gauche, c'est limite : genoux bousillés. Je voulais faire la Nuit des Musées mais me v'là coincé. Et je ne peux même pas dire d'y aller en béquilles vu que mes poignets me font mal et là, je le sens, ça commence à gagner mes mains (et une cheville + pied aussi, tant qu'à faire)
Bon, pour le moment, je ne fais pas de crise globale, c'est déjà ça. Je craignais avant de le débuter que le traitement aggrave ma maladie. Jusqu'à aujourd'hui, j'avais plutôt eu le sentiment que mon état s'améliorait... Je ne sais pas si c'est parce que ça faisait longtemps et que je n'ai plus l'habitude ou si c'est à cause de la T. mais j'ai mal à m'en claquer la tête contre les murs. Youpi ! ('coz tounaïte gonna bi a goude naïte !)

vendredi 13 mai 2011

On achève bien les CO...

Curieuse sensation que de recevoir une invitation à une soirée.
Je regarde la liste des invités : la moitié est au courant, l'autre non... et il y a un inconnu.
Cet inconnu, je dois le remercier. Grâce à lui, je me rends compte qu'il est plus que temps que j'achève mes CO. Qu'est-ce qui me retient ? Je ne sais pas. Ce ne sont pas des gens qui fréquentent ma vie quotidienne pourtant. Je n'ai eu que de bons échos pour le moment de tous mes COs... Mais là ?
J'ai le sentiment d'être dans une cuve remplie d'eau, le couvercle à 20 cm de ma tête, et que si je fais ces coming-out, cette foutue cuve achèvera de se remplir. Pourtant, je me rends compte que je me suis coupé de ma vie sociale, plutôt active avant. A présent, j'ai l'angoisse de sortir, je me demande toujours si je vais passer ou pas, bon sang ! pourquoi je me prends la tête ? Je ne veux plus passer à côté de ma vie au nom de... au nom de quoi, au juste ?
Cet inconnu, qui fréquente donc de vieux potes, moi je ne le connais pas. Pourquoi ? Parce que j'ai rayé ma vie sociale au nom de la peur du regard des autres. Moi qui ai toujours revendiqué m'en foutre, me voilà pris au piège de ce foutu regard.
Chaque fois que je sors, cela se passe plutôt bien. Mais là, moins je sors, mois j'ai envie de sortir. Je m'enferme dans une bulle confortable hors du monde. Ne pas être confronté à l'inconnu, à ce regard sur mon non-torse, ma non-bosse dans le caleçon. Sortir et scruter le moindre regard, me mortifier, me dire que lui, là, il n'est pas dupe. Mais bon sang, qu'est-ce que j'en ai à foutre qu'il ne soit pas dupe ? Eh bien, je n'arrive pas à m'en convaincre. J'espère que mon opé du torse maintenant toute proche me libérera en partie de ces angoisses. J'en ai assez de cette non-vie. Je veux être moi, n'est-ce pas ? C'est pour ça que j'ai entamé cette transition. Si je reste dans mon placard à chouiner, à quoi cela va-t-il m'avancer ? Je me rends compte que mes anecdotes sentent la naphtaline. Où sont passées ces soirées dans les bars, ces concerts, ces expos, ces voyages, ces soirées ?
Il faut vraiment que je bouge, que je sorte, et j'essaie en ce moment. Je me force à programmer des trucs, me forcer à les faire. Je dois vivre, à quoi bon transitionner dans ma bulle ?
Si je sors, je m'expose au connard qui me dira que je ne suis pas dans le bon chiotte, à la serveuse qui me dira mademoiselle...et alors ? Des inconnus de passage, des visages flous. Putain, il faut que j'arrive à m'en convaincre, mais là... Du temps sans doute, pas mal de temps même. Moi qui me targuer de vouloir jouer l'androgynie, je me retrouve à me demander si je ne devrais pas me raser la tête et rouler des mécaniques. C'estmoche, parce que ce n'est pas moi, non plus.
La quête de soi, c'est dure, et ça, qu'on soit trans ou pas. J'aimerais tellement que cette réalité sorte de ma vie. Avoir une gueule de meuf, ouais, mais le torse et le calbut qui vont avec, pas passer des heures à me demander si mon packy est correct ou si on ne voit pas trop la bosse de mon binder.
Je crois que j'ai besoin de chouiner dans des jupes... ou de me confronter au monde et voir que ce putain de passing n'est pas si bancal. Pas évidence dans cette dichotomie monsieur/madame du monde extérieur, ceux qui me grillent, ceux qui ne me grillent pas, les proches qui cafouillent, ceux qui ne se trompent jamais, et certains membres de ma famille qui sont bloqués sur le féminin.
Je crois, finalement, que j'ai vraiment besoin de rencontrer de nouvelles têtes, des gens qui ne savent pas et qui ne remettent pas en cause mon état d'homme. Pour ça, les forums c'est bien...mais le monde réel serait sans doute mieux.
Je pense que post opé du torse, je vais essayer de me faire tirer... le portrait. Il y a toujours des photographes qui cherchent des modèles, non ? Et c'est pas comme si je n'en connaissais pas. Je comprends mieux les FtMs qui se photographient à tout va. J'ai besoin d 'être rassuré dans l'image de moi-même. Je crois, finalement, que je n'ai jamais été aussi faible qu'aujourd'hui sur ma confiance en moi.
 

jeudi 5 mai 2011

La perfection est un chemin, non une fin

Un ami a mis cette citation sur son mur FB. Peu de temps auparavant, on m'a interrogé sur cette notion de perfection dans le registre créatif.
Sur ce plan, et sur le plan humain, je ne peux qu'approuver. La quête de perfection pousse à se surpasser, à toujours devenir meilleur, et c'est une bonne chose. Je ne pense pas pour autant qu'elle soit accessible.
Il faut avancer, à petits ou grands pas, vers ce but. Je peux l'appliquer à l'échelle de mon travail, j'ai plus de difficultés à le faire sur un plan humain mais passons, là n'est pas le sujet du blog.
Au fil des jours, j'en suis venu à penser à cette perfection au titre de la transition. Ce qui est tragiquement drôle, c'est que dans ce domaine, la perfection n'existe simplement pas. On peut faire au mieux, certes, mais il faut faire le deuil d'un idéal qui n'existe pas. Je pensais m'être fait à cette idée, mais je me rends compte que ce n'est pas encore tout à fait le cas.
Je ne serai jamais comme un mec bio, ce qui pourrait être la perfection attendue dans ce cadre. D'un point de vue esthétique, j'aurais toujours ces hanches, cette petite taille, et l'absence de pénis. D'un point de vue tripes, ça, c'est un fait plus dur à digérer que je ne le pensais, je ne pourrai jamais avoir d'enfants. Chaque fois que je vois mes neveux, cette réalité me frappe de plein fouet. Pourtant, je ne veux pas d'enfants, du moins pour le moment, mais chaque fois cela me rappelle que cette réalité a été éjectée de ma vie par mes choix.
Ma mère a toujours dit qu'elle aurait aimé adopter, ou devenir famille d'accueil. Un enfant adopté serait le mien sans même que je le remette en question, l'idée d'une grossesse m'est inconcevable. Certes, j'ai cette option, mais en tant que trans ? En couple avec un homme ? Cette belle option reste donc bien théorique.
Ne vous méprenez pas, je ne suis pas amer même si à me lire, j'imagine qu'on peut le penser. Je pose simplement les choses pour mieux les appréhender : il ne sert à rien de me voiler la face pour me prendre un retour de flammes dans quelques années.

mercredi 27 avril 2011

2 - 2 = 0

Oyo !
Salut à toi, cher lecteur. Aujourd'hui, je tutoie. Oui, soyons fous, et je pète le feu, ce qui concorde au tutoiement (aucun rapport, je sais)
C'est donc empli de joie que je t'annonce, à toi ô précieux lecteur, que ma vie va enfin prendre un virage à 90° sur les Routes du Paradis. C'est que j'ai fait un Road Trip to Montauban pour rencontrer un chirurgien, tu vois, et que celui-ci va me débarrasser de mes miches le 9 juin !
A moi la plage, la piscine, la frime et les beaux tattoos, mouhahahaha ! Inutile de dire que je suis enchanté, je pense que ça se voit.
Je vais donc bénéficier d'une double incision (ce lien vous expliquera la procédure mieux que moi qui ai la grosse flemme de le faire). Ma grande chance est que je n'ai pas une trop grosse base, et que mes machins sont bien écartés (adieu les décolletés pigeonnants !), ce qui fait qu'au lieu d'avoir une cicatrice qui s'incurve en remontant au milieu du torse, je devrais avoir des incisions droites, ce qui me fait jubiler car c'était bien le seul truc qui me gênait avec la double.
Là, j'ai commandé mon boléro [déf : instrument de torture compressif destiné à me faire suer pendant un mois post op' en plein cagnard et qui permet une optimisation du résultat] D'ici une semaine, je recevrai la pièce, en noir bien sûr, parce qu'on est trve dark ou on ne l'est pas.
Me voilà donc en route pour la gloire et la réappropriation de soi. Reste à juguler l'impatience et à préparer au mieux mon séjour.
 

samedi 2 avril 2011

C'est le printemps !

Aaah le printemps, le soleil, les oiseaux, les feuilles qui poussent...
Et pas que ! en ce moment, je constate chaque jour la prolifération de mes poils aux pattes. Ceux des mollets forcissent et se disciplinent. J'en attrape pas mal derrière les cuisses, ou plutôt, je les ai remarqués il y a peu car ils sont loooongs.
A présent, ils gagnent l'intérieur des cuisses. Sur le dessus, ils s'allongent mais restent blond très clair. Sur le ventre, toujours un suivez-moi marqué qui prend un peu d'espace au dessus du nombril. Ah ! Si j'avais des abdos, ce serait sublime.
Sur ma trogne, je constate et salue bien bas, avec un immense soulagement, l'arrivée de petites pattes discrètes, vraiment THE élément de poils que je veux à tout prix, le reste je m'en fiche. Toujours un semblant de moustache noir, mais fin, qui fait nettement ado. Sous le menton, des poils plus durs arrivent, mais aussi blonds et transparents que sur le dessus de mes cuisses.
Bilan, je suis content. ^^ Je ne pense pas que cela améliore mon passing encore, mais cela me rassure de les savoir là.
De plus, ma voix qui baisse bien et mon visage qui change, je commence à avoir spontanément du monsieur. Au moins, je pose l'interrogation "homme ou femme ?" et suis un poil plus crédible en bonhomme.
Hier, j'ai rencontré de nouvelles personnes. Une nana, pourtant lesbienne et en assos, m'a regardé genre "ah ? t'es un mec, touâââ ? " qui m'a un peu gêné.... mais plus tard j'ai rencontré deux gars et poignée de main sans se poser de questions. Merci la cravate ?

mercredi 30 mars 2011

Le 20 avril

J'ai pris mon courage à deux et un rendez-vous avec le docteur C. de Montauban.
Le 20 avril donc, je fais l'aller-retour Paris Montauban sur la journée. Je vais prendre l'avion pour la première fois de ma vie pour aller récupérer ma vie. C'est bien. Mais le stress et le contre-coup de deuil font que j'ai du mal à me réjouir. Par intermittence peut-être. Le concret me fait peur, mais cela vaut pour bien des domaines, j'ai toujours eu du mal avec la notion d'engagement.
Je vous tiendrai bien sûr informées des conclusions de ce premier entretien. J'ose espérer avoir une date de mastectomie proche, en juin serait l'idéal.
J'ai aussi trouvé la meilleure solution pour le financement... L'idéal serait que je travaille mais lâchons le mot, je suis littéralement terrorisé par le monde du travail, à un point où cela me bouffe la santé. Demain, j'ai un entretien avec ma conseillère Pôle Emploi qui va se solder par un CO afin de lui expliquer pourquoi je n'ai toujours pas de taf -pire- pourquoi je n'en ai toujours pas cherché.
Je sais pourquoi l'opération me fait peur. Je comprends que cela ne me rendra pas plus sociable, et sans doute pas plus heureux, mais au moins je serai moi, et c'est sans doute le principal. Partant d'une base solide, on peut sans doute espérer être heureux, non ?
Là, j'ai un impérieux besoin d 'oxygène, et de solitude, plus que jamais. J'aimerais quinze jours, trois semaines, rien qu'à moi, tout seul, tranquille. Ce sera le cas en juillet et je pense que cela me fera le plus grand bien car je le sens, je deviens infect. Plus le temps passe et plus ma défense face à la mort est le cynisme et l'amertume. J'en viens à regretter ce temps où j'explosais en sanglots, longtemps, pour ensuite me relever peu à peu. Je tombais de très haut, mais je parvenais à remonter la pente petit à petit. Là, j'ai le sentiment que je descends à petite vitesse une lente spirale. On apprend pas à gérer la mort, oh que non... Il faut que je trouve un autre exutoire que les larmes, une délivrance brute. Aujourd'hui, je me vide le crâne dans des paradis artificiels, pas chimiques, non, plus chimiques, mais livres, séries, jeux vidéos... C'est bien, ça m'occupe, mais quand je tourne la page ou ferme l'application, je me vois plonger dans le gouffre du désespoir face au non-sens de cette vie. Mon médecin me dit d'aller voir un psy, la belle ironie... Si j'ai pu le faire pour entamer ma transition physique, je n'y arrive pas pour soigner mon mental.

lundi 21 mars 2011

Adieu mon bonhomme

Je me sens terriblement triste aujourd'hui.
Près de seize ans de vie commune viennent de s'achever. D'aucuns ne comprendront pas la douleur d'avoir perdu un être cher lorsqu'il s'agit d'un animal mai peu m'importe. La douleur est là.  L'avoir vu lutter, puis cesser de lutter. Choisir de l'endormir pour qu'il repose en paix, ne souffre enfin plus.
Ce matin, "mon" poney est mort. Il appartenait à une amie chère et je ne peux mesurer l'immensité de sa peine. Difficile de la soutenir quand moi-même suis si affecté. Il avait vingt-six ans. Il a été frappé par la maladie de façon si subite ! Je n'avais pas d'espoir. J'ai lutté pour faire croire à tous qu'il y en avait mais je savais qu'il allait nous quitter, peut-être pas aussi rapidement.
Je n'ai pas pu lui dire au revoir et garde en moi l'image de sa dégradation progressive, sa difficulté à mettre un pied devant l'autre. Hier déjà, il avait décidé d'en finir. Il s'est couché et ne s'est plus relevé. Ce matin, on l'a aidé à s'endormir pour de bon.
Avoir des chevaux m'aura définitivement apporté les plus grandes joies, mais aussi les pires peines de mon existence.

vendredi 18 mars 2011

Des bouts de rien

Moi qui n'aime pas mettre les choses dans des boîtes, les gens dans des cases, j'aime organiser mes articles de blog afin de ne pas parler de onze trucs différents dans un seul et même billet. Objectivement, il faudrait pour cela que je poste plus souvent alors allons-y pour des news, une chose à la fois, et tâchons d'être synthétique.
J'ai pris contact avec deux chirurgiens aux USA pour leur demander leur avis sur mon cas (ou plutôt sur mes miches). Les deux sont catégoriques, c'est la double qui m'attend. A moi les deux longues cicatrices et je pourrais concurrencer mes frangins dans un domaine où chacun se défend. Bizarrement, l'idée des marques ne m'affecte plus alors que je la rejetais en bloc il y a quelques mois. Peut-être parce que j'ai évolué, que j'intègre peu à peu que je suis trans, pas bio, et que je dois faire avec. Qu'une cicatrice, ça peut être très beau, que c'est l'histoire de mon corps, de mon parcours, et que de toute façon, je ne vais jamais à la piscine ou à la plage, hé !
Il me reste donc à contacter le chir français de mon choix, là-bas à Montauban. Planifier le trajet pour y aller est une réelle épreuve. Je n'y arrive pas. Je panique, je suis bouffé de stress. Mieux ? Il m'a répondu par mail en me disant de l'appeler et je n'y arrive pas, je suis totalement pétrifié. Non pas parce que ça devient concret, bien au contraire, mais parce que j'en suis encore au stade où sortir de chez moi est une épreuve, alors organiser un tel périple ! Et surtout, j'ai vraiment l'impression d'être tout seul dans cette merde, l'impression de n'avoir aucun soutien. Et ouais, ça pue. Hormis chez mes camarades trans, personne ne semble mesurer l'importance de cette opération j'ai l'impression, ça me soûle pas mal. (Ce "personne" désigne les gens de mon entourage que j'ai appelé à l'aide, pas ceux vers qui je ne me suis, pour le moment, pas tourné)
Bref. Restons-en là pour le coup' coup' du haut et passons au bas. Au bas, oui, moi qui clame à qui veut l'entendre que je ne veux pas de méta ou de phallo, je me retrouve à tout bonnement péter les plombs face à ma différence. Avec l'évolution de mon corps vers un masculin de moins en mois ambigu, je me retrouve à détester ce que j'ai entre les jambes. Je dois réapprendre que ma sexualité n'est pas féminine malgré ce sexe mais je n'y arrive pas. Je me sens à chaque fois frustré, j'ai de plus en plus de mal à prendre mon pied et par-dessus le marché je me sens vaguement humilié. Alors si j'ai pu les premiers mois de testo bénéficier d'une  libido galopante, je me retrouve de nouveau bloqué, mais pas comme avant. Avant, il n'y avait rien. Le désert, pas de libido, c'était facile à régler.  Pas de sexe et on en parle plus. Aujourd'hui, ma libido se temporise mais elle est présente, ce qui m'inflige une frustration plus grande que jamais. Je ne sais franchement plus quoi faire. Voir un psy pour en parler ? Peut-être. Je suis un peu dépassé par les évènements, je ne pensais pas que ce genre de ressenti, si primaire finalement, m'arriverait un jour.
J'ai pensé à la fausse queue pour satisfaire mon intellect mais je doute que cela marche, je n'ai même pas envie d'essayer. J'ai l'impression que cela ne fera qu'aiguiser ma différence et c'est sans doute plus que je ne puis le supporter. On va oublier donc. Serrer les dents et faire un joli sourire. On a toujours été doué pour faire croire que tout va bien.
Le 18 mars est un jour de merde. Sans doute l'un des jours où ma cervelle bouillonne et travaille le plus. Par je ne sais quelle ironie du sort, il m'arrive toujours des trucs sordides ce jour-là, et non, ce n'est pas lié à des beuveries de Saint Patrick, du moins pas toujours. A voir un cheval se claquer la tête contre les murs de douleur à cause d'une épaule cassée, le voir mourir sous mes yeux, repeindre le mur taché des rayures de ses dents et du sang de sa tête, à tout prix repeindre, pour ne pas que mon amie à qui appartenait ce cheval voit cela. Un bête 18 mars. Comme celui où il est mort, me glissant à l'oreille que c'était la fin, que c'était trop tard, que je n'avais clairement pas fait assez pour lui, que je n'avais pas eu le cran de faire ce qui aurait dû être fait. Quand j'ai dit à mon amie de piquer son cheval pour lui épargner la souffrance, moi, je n'ai pas su le faire pour le mien. Les miracles n'existent pas, il n'aurait jamais pu revivre, j'aurais dû faire ce choix au lieu de le laisser agoniser de cette façon. Allons bon, c'est du passé n'est-ce pas ? Une erreur à ne pas réitérer ? Eh bien aujourd'hui mon amie et moi avons de nouveau un cheval sur le fil de la mort et que doit-on faire ? Un concours de celui qui mourra en premier ? La compétition de la première euthanasie ?
C'est formidable, les souvenirs, cela vous crée, vous façonne au burin. L'être humain est un bloc minéral qui se dessine au rythme des coups de ciseau de la vie. Sauf que parfois, il y a un coup de ciseau de trop, qui coupe un bout de plus, un bout de cœur, un bout de bite, qu'importe ? Rien qu'on ne puisse faire renaître,  faire repousser. Serrer les dents, ouais, je l'ai déjà dit. Serrer les dents et faire comme ci tout aller bien, se noyer dans l'irréel, le plus possible, sans stupéfiants cette fois, sans alcool non plus. Oh Lord, je pars en vrille et raconte ce qui ne doti pas l'être. Allons bon. Restons-en là pour aujourd'hui.
 

samedi 5 mars 2011

Donner de la voix, Opus n°2

Parlons peu, parlons voix.
Jeudi, je suis allé chez mes parents, prendre un bon bol d'air campagnard ce qui m'a franchement fait du bien. Voir les miens, et mes animaux, qui eux ne se posent pas de questions sur mes changements.
J'ai une chienne Husky, d'un caractère bien particulier et qui m'obéit bien (ce qui n'est pas fréquent pour un husky). Il s'avère que deux petits Jack Russel se promènent dans ma campagne, et régulièrement, l'un ou l'autre vient chercher ma chienne pour aller se promener. Elle se sauve, part des heures et revient dans un état de crasse épouvantable. Ayant eu des plaintes de chasseurs ("Boudiou, eul loup y fait fuir les lapins !")  on évite qu'elle sorte histoire qu'elle ne se prenne pas une volée de plombs par cette bande d'abrutis. Méthode ? Quand elle détale, on gueule, elle revient.
Là, ça ne manque pas, un des Jacks vient la chercher. Je bondis dehors et je hurle... ? Non, je ne hurle pas. Une espèce de son étouffée sort à peine de ma bouche, ma gorge se compresse, et c'est la révélation. (Bon, ma mère a pu la rappeler, et pas de casse, pour la fin de la petite histoire)
Les cordes vocales bougent quand on parle (Captain Obvious !) et je me rends compte que je les bouge comme avant alors qu'elles se sont épaissies, alors forcément, au lieu de laisser un couloir, elles se collent. Ce qui fait mal en plus de ne produire aucun son.
Fort de ce constat, j'ai profité de mon retour en voiture et donc de mon absence de public pour chanter, me lâcher un peu. Le but, sortir des sons les plus naturels possibles, détendre les épaules, et tenter le coup en oubliant la justesse. Et là, magnifique ! J'ai pu chanter avec une voix plus claire que d'ordinaire, passer en voix de tête aussi et j'ai sorti des sons bien aigus (et justes par dessus le marché) J'ai peu réussi à jouer de la voix mixte mais ça, on oublie.
Le plus important dans cette histoire, c'est que je me suis rendu compte du problème, et surtout, j'ai compris qu'il y avait une solution.
Moralité, je vais revoir mes exigences à la baisse le temps de la mue, attendre que ma voix soit bien posée avant de bosser avec un prof pour réapprendre à me positionner et à respirer. Je suis ravi !
Pour moi, la prochaine étape fondamentale est lundi. Rendez-vous avec l'endoc, je demande mon sésame pour me faire opérer du torse. J'espère de tout cœur qu'elle dira oui et que je pourrais enfin me débarrasser de ça.
Pouvoir me regarder dans le miroir, cesser de porter ce foutu binder qui m'explose le dos, les côtes, l'estomac. J'ose à peine imaginer le plaisir que ça sera de porter un t-shirt à même la peau, des chemises ! Avec les boutons ouverts et tout. Je n'ai pas de mots pour écrire mon impatience. J'espère vraiment ne pas me heurter à un mur lundi, ou c'est sa tête à elle qui heurtera le bureau (je plaisante bien sûr, mais ça me ferait franchement mal au derche qu'elle dise non)

mercredi 2 mars 2011

De l'intonation et autres changements de voix

Dans une semaine, cela fera 4 mois que je suis sous T (et mon premier bilan hormonal me dit que je suis trop sous T., mais on verra ça avec l'endoc)
J'ai envie de parler de la voix aujourd'hui, car c'est un élément fondamental pour moi.
J'ai eu longtemps mal à la gorge. Cela s'est calmé début février me semble-t-il, puis j'ai enchaîné sur rhume, grippe et grosses toux, donc de nouveau mal à la gorge.
Je me suis enregistré et donc je sais que ma voix a baissé. Je l'ai sentie partir vers le bas assez rapidement, et je me suis enregistré à J zéro, J+1 mois et J+2 mois. Pas à 3 mois. Pourquoi ? Et pourquoi ne me suis-je pas pris en photo à 3 mois alors que je l'ai fait précédemment ? J'aimerais avancer la flemme, mais c'est plutôt la déception, ou plutôt la peur de la déception.
A quatre mois, je ferai enregistrement et photo, et là, je verrai sans doute davantage la différence. Le fait est que j'ai l'impression de stagner depuis début février. Je sais à quoi cela est dû, c'est parce que les journées sont longues, que je suis inoccupé, et donc que je n'ai que ça à penser.
Pour en revenir à la voix, elle a certes baissé mais je ne la reconnais pas en enregistrement. A mon oreille, quand je parle, j'entends clairement une voix féminine, pas celle enregistrée, et ça me rebute. J'ai l'impression que mon corps doit réapprendre à s'écouter sur ce point et à oublier l'ancienne voix.
Aujourd'hui, je chante comme une patate au point où je regrette de ne pas avoir gardé des enregistrements de chant antérieurs à la T. Je n'arrive plus à être juste, la voix de tête me fait souffrir et ma voix de poitrine est comme étouffée. Quant à la voix mixte, impossible pour moi d'y passer (le glissement entre voix de poitrine, plus basse, plus grave, et voix de tête, plus claire, pour expliquer un peu à ceux qui se demandent de quoi je parle.)
Je perdais déjà mes aigus avant la T mais là, c'est plus flagrant. Y parvenir est devenu extrêmement pénible, sans doute aussi parce que ma voix me fait mal dès que je chante. Dur d'attendre et de prendre son mal en patience. Je m'efforce de travailler un peu sur des morceaux faciles histoire de ne pas perdre la main. Peine perdue, mon oreille hurle à la fausse note à chaque mot. Je ne veux pas chanter faux ! T_T
Je pense, donc, que je vais attendre d'être opéré du torse pour pouvoir prendre des cours de chant une fois ma voix plus stable. (Attente de l'opé car aller chanter bindé, ça ne va pas être jouable pour moi) Je me donne un an, mais clairement, je vais travailler le chant sinon bonjour la dépression carabinée que je vais me manger.
Si je pale du chant, c'est parce que je me rends compte que je n'arrive plus à poser ma voix parlée. Auparavant, je prenais toujours ma voix très loin, en travaillant sur le souffle, pour parler en voix de poitrine et acquérir une certaine gravité. Là, j'ai totalement perdu l'automatisme, parce que ça me fait vite mal à la gorge. Du coup, je parle avec une voix de tête de merde qui me semble sonner aussi aigu qu'un couinement de pucelle face à Justin Bieber.
Là encore si ça dure, je vais voir un orthophoniste. La douleur que je sens dans ma gorge n'est pas bon signe, et en dehors de toute transition il y a un moment que je me dis que je devrais faire faire une visite de contrôle à mes cordes vocales que j'ai longtemps mal sollicité en chant.
En résulte toujours ce complexe pour parler, cette obsession sur la voix des autres. J'aimerais pouvoir entendre une voix à la signature masculine, au moins quand je parle. Je peux sacrifier le chant pour une belle voix parlée, même si ça me ferait le même effet que de me couper un bras.
Affaire à suivre donc, je me force à me dire que je devrais repousser à 6 mois le bilan sur ma voix mais c'est plus fort que moi. C'est pénible. Moralité, je vais aller me faire un thé pour passer un peu ma gorge en feu.
(N.B : Au moment où j'achève ce post, mon voisin se met à chanter. Une chose est sûre, même avec une grippe et la voix qui vrille, je chanterai toujours plus juste que lui.)

mercredi 9 février 2011

Du prénom androgyne, et autres pseudonymes

Depuis le temps que je coming-oute à tout va, le même "souci" revient. A chaque annonce de mon nouveau prénom, on me sort qu'il est plus féminin que l'ancien. La bonne blague, je le sais. C'est pour son histoire que je l'ai choisi, et les choses s'arrêtent là.
Cela ne m'affecte pas d'avoir une identité androgyne, mieux, cela me plaît. Si cela m'entraîne à jouer un personnage, c'est parfait. Je pense que personne ne me connait vraiment. Rares sont ceux qui me connaissent le plus et ce ne sont pas forcément des gens que je fréquente très souvent. Bref, trêve de digressions.
De tout temps, on m'a rarement appelé par mon prénom de naissance, plutôt masculin d'ailleurs. On m'appelait par un surnom qui a le chic d'être un prénom masculin en Belgique.
Puis, lors de mon passage jeune femme, j'étais appelé par un pseudonyme que j'employais sur le net. J'avais aussi l'habitude de signer mes dessins de ce pseudo. Ironie du sort, c'est un bidouillage du nom de mon perso de jeu de rôle, masculin lui aussi.
Puis est arrivé l'avènement de mon nouveau prénom. Je n'y ai même pas vraiment réfléchi. C'est sorti naturellement, car un personnage de mon roman le porte -le portait- et ce personnage me ressemble énormément. A présent, j'ai modifié son nom afin que les gens ne pensent pas que j'ai vécu les horreurs qu'il a vécu, sans doute en peine perdue.
Ceci étant, je me colle dans les pattes un nouveau boulet avec ce prénom ambigu. Je devine d'avance les commentaires "Garde-le, c'est le tien... tu t'en fous des autres." Oui je m'en fous. C'est vrai. Et ce prénom, je l'arborerais sur toutes mes créations, comme un étendard claquant au vent de mon androgynie revendiquée.
Néanmoins, j'envisage d'en adopter un plus genré pour le changement d'état-civil. Cela germe peu à peu dans mon esprit. Je ne me vois pas demander à tous de m'appeler par encore un autre prénom alors qu'ils ont pris l'habitude de celui-ci, mais l'adopter dans un seul cercle créatif/amical me semble plus approprié.
Affaire à suivre, donc. J'ai déjà une idée d'un prénom que j'ai failli adopter en premier lieu. Un prénom sans ambiguïté et que je n'ai pas de mal à prononcer (Ben oui, étant un peu con, j'ai choisi un prénom avec un sublime "L" que mes problèmes de prononciation et moi sommes en peine de lâcher). Un nom pour le civil, un autre pour les mais, un autre pour la famille, tel pseudo dans la sphère body mod, tel autre dans le domaine artistique... Tout ceci me semble bien sympathique. Reste à savoir si cela ne coincera pas au moment du changement d'état-civil.
 

mardi 25 janvier 2011

Monde du travail et transition

En ce moment, je vis dans un inconfort brutal dont j'aimerais me défaire.
Pour rappel, je suis au chômage depuis fin novembre. En soi, je le vis bien. Mieux, j'avais besoin de cette pause pour faire le point avec moi-même, me reposer, essayer d'être plus serein. La transition est un poids moral très lourd à porter, et après deux ans de lutte avec moi-même, j'avais besoin de ce break.
Aujourd'hui, je vis dans une situation semblable au coming-out. Faire comprendre aux autres pourquoi je ne travaille pas, mais je n'arrive pas à l'exprimer. La simple question "As-tu trouvé du travail ?" ou pire, celle appelant un non : "Cherches-tu du travail ?", est une véritable torture. Je n'ai pas envie de me justifier, tout comme je n'ai pas envie d'expliquer pourquoi je me sens homme. Si ce dernier point n'a pas de réponse,  il y a en une multitude sur la question du travail. Une fois de plus, à mon sens, cela me donne l'impression de devoir justifier l'injustifiable, car totalement en marge des normes sociales.
Dans ma promo, tous ou presque ont trouvé du boulot. Ils triment leurs 35 heures ou plus, bien sagement. Métro, boulot, dodo. Smic et vie chiante comme pas deux. L'idée seule d'être planté derrière un bureau me révulse et me retourne l'estomac. Aujourd'hui, je regrette vraiment d'avoir fait cette formation, j'ai vraiment l'impression d'avoir perdu mon temps. La seule chose que j'en retiens est que j'ai rencontré une amie formidable. Une vraie chance, certes, mais cela ne me donne pas de boulot pour autant.
Si c'était à refaire, je serais resté aux Beaux-Arts. J'y aurais achevé ma formation, plutôt en dessin, voire en design. Je sais depuis toujours que je veux créer. Ecrire, surtout. C'est là la seule chose qui me fasse vibrer de la tête aux pieds avec la même constance depuis près de quinze ans. Malheureusement, j'ai plus de chances de gagner au Loto que de réussir à en vivre.
Il faut bien trouver une activité alors, un truc pour paraître normal, suivre les normes de notre gentille société. Finalement, la chose qui me motive à trouver un travail est l'argent, bêtement. Car il est difficile de vivre sans , et par vivre, j'entends sortir, voyager, bouger, voir des amis, des expos. Car objectivement, avec le RSA et la CAF, vivre juste pour être logé, manger, dormir, est possible.
Depuis quelques années, une envie d'avenir ressurgit par phases. Là, cette phase est plus longue que d'ordinaire. J'y pense tous les jours depuis que j'ai pu la mettre en pratique.
J'ai peint une fresque pour un stage, et j'ai choisi un nouvelle ameublement dans une bibliothèque. Cela m'a plu, puissamment, et j'aimerais pousser l'idée jusqu'à en faire mon métier alors que je ne suis pas du tout formé pour ça. J'aime travailler la matière, le bois, le papier, le métal. J'aime rénover des meubles, aménager un espace, peindre de grandes surfaces, jouer de tissus, de couleurs.
Ce qui me retient ? La viabilité d'une telle entreprise d'une part, mais surtout le regard d'autrui. Même si certains m'encouragent dans ma démarche, la plupart me prennent pour un fou. Etant fâché avec ma confiance en moi, ces réactions négatives influent sur moi avec plus de force qu'elles ne le devraient.
Sauf qu'aujourd'hui, je n'envisage pas mon avenir autrement. Perceuse, meuleuse, fer à souder, bois, dentelle, vis... La matière, toujours la matière. Créer cette entreprise me permettrait d'évoluer dans la sphère des créatifs lillois, me permettrait d'être mon propre patron sans qu'on me juge sur mon apparence. Je veux juste vivre en osmose avec moi-même, et ce pour quoi j'ai été formé est en totale contradiction avec mes convictions les plus profondes.
Oui, je vais en chier, sacrément même. Oui, je ne serai jamais riche mais bon sang, quelle importance ? Si j'ai de quoi manger et de quoi voir mes amis, le reste importe peu. Nice suit, nice desk, nice situation... Et pourquoi faire ? Faire joli, rendre les autres heureux de me voir rentrer dans le moule bien que je sois un freak ?
Je sais que le plus sage serait de travailler dans ma branche le temps de mettre de l'argent de côté. Jouer au monsieur madame, travailler avec une identité féminine, cacher mon secret si j'arrive à mettre un hypothétique patron dans la confidence ? Non. Définitivement, non. Je ne veux pas être un trans, je ne veux pas être la bête curieuse. Je ne veux pas passer ma vie à ête confronté à ce que je suis, c'est hors de question.
Alors il me reste à faire en sorte de tester mon projet, de me rapprocher des bonnes institutions pour avancer au mieux et le reste suivra. Je sais qu'avec un torse et quelques mois de testo en plus, je me sentirai plus fort. En attendant, je guette la pauvre offre d'emploi en télétravail, histoire de gagner ma croûte sans être confronté au regard des autres. J'en ai marre de jouer les fantômes de l'opéra. Je veux vivre simplement, être moi. Même si je dois lutter pour faire vivre mon projet, même si je dois m'opposer aux réflexions des autres.
Je suis déjà trans, pd, goth, alors pourquoi pas artiste à temps plein ? Je pense que je ne suis plus à ça près.

mercredi 12 janvier 2011

Bilan des deux mois

Voilà deux mois que j'ai commencé mon traitement hormonal, et je me dis qu'un petit bilan s'impose.
Tout d'abord d'un point de vue physique :
- Ma voix a baissé, c'est un fait. Je l'ai constaté en m'enregistrant mais j'ai du mal à m'en rendre compte. Elle n'est absolument pas stable et je me retrouve parfois aphone, ou à couine comme un poney alors que je prévoyais un autre son. J'ai moins mal à la gorge qu'au début, mais cela persiste et il m'est impossible de porter quelque chose de serré autour du cou.
- La forme globale de mon corps change. Je perds des hanches, du bide, et mes épaules se développent. Bien sûr, je suis impatient que cela soit plus probant mais cette évolution me plaît. La forme de ma poitrine a aussi changé. J'aurais du mal à l'expliquer. Toujours le même tour de poitrine, mais pas la même forme.
- Niveau pilosité, j'ai un début de moustache, des poils fins et noirs, et deux trois qui se perdent sur mon menton. Pas d'autre changement notable ailleurs, sauf peut-être plus de poils sur le ventre (et c'est très bien comme ça)
- Niveau peau. L'odeur de ma peau change. Elle devient plus masculine et ça me plat, bon, hormis le fait que je sente le bouc même après la douche ! (me cassez pas les noix avec la pierre d'Alun, je ne la supporte pas) J'ai une acné raisonnable. C'est moche, mais ça pourrait être pire. Menton, joue, front, un peu sur le haut du dos et sur le torse.
- Niveau musculature. Mes bras changent, mes épaules aussi. Globalement, je suis moins mou. Et j'ai la surprise d'avoir le sentiment que les objets sont moins lourds, ce qui fait que je les attrape parfois un peu trop fermement ^^' C'est assez drôle dans l'ensemble. Je me sens plus endurant aussi, moins rapidement fatigué pour les diverses choses du quotidien.
Maintenant, voyons les mauvais côtés :
- L'odeur déjà. C'est assez complexe à gérer de puer le bouc non stop.
- Le mal de gorge, c'est pénible.
- Les crampes. Dans le cou, les deltoïdes, et aussi dans les mollets. Cela survient brusquement, c'est douloureux, puis ça repart. J'ai parfois des fourmillements dans les jambes également.
- L'agressivité. Là, c'est un point très délicat. Je suis beaucoup moins patient, beaucoup plus impulsif, et le moindre fait irritant prend une ampleur dantesque. J'essaie de me tempérer, mais en ce moment, je hais les trois quarts des habitants de cette terre, ce qui n'est pas commode.
- J'ajouterai en inconvénient que cette mutation me fait me terrer plus que d'ordinaire dans ma grotte. Il faut dire que je suis maintenant à deux doigts de retourner un taquet dans la tronche de quiconque se trompant de genre. De plus, j'ai comme l'impression que certains inhibitions sur l'acidité éventuelle de mes propos est levé. Bref. Je préfère m'isoler le temps que ça se tasse plutôt que d'agresser mes proches.
Bon, ce topo fait, revenons à un autre aspect, que je dirais psychologique, ou plutôt sur le ressenti.
Je découvre avec stupeur que je n'ai aucun mal à me faire mes injections, moi qui appréhendais, finalement je m'en fiche (et c'est tant mieux !) Je suis réellement enchanté d'avoir fait ce choix et chaque modification de mon corps, même les négatives, m'apparaissent comme une révélation. J'ai enfin le sentiment d'avoir trouvé le chemin du moi. Même si j'estime que je me sentirai mieux d'ici quelques mois, j'arrive à avoir la patience de voir venir cette évolution.

lundi 3 janvier 2011

Des voeux de 2011

Eh bien, sommes-nous obligés de passer par la sempiternelle case des vœux de nouvel an ?
J'ai envie de dire non, pour la simple et bonne raison que chacun est maître de son destin. C'est à chacun de faire ses choix, et la seule chose que j'ai envie de te souhaiter, ô lecteur, c'est la réalisation de tes propres souhaits.
Un passage dans une année nouvelle n'est que succession de jours, d'heures, de minutes. Il n'est rien de plus ordinaire, conditionné par le seul fait de notre calendrier qui veut rendre cet évènement festif. Pour ma part, je m'en fiche et le festival du décompte et des bises de nouvelle année m'insupporte.
Néanmoins, cette année, j'ai été heureux d'embrasser et de serrer dans mes bras des gens qui ont accepté ma migration identitaire sans poser la moindre question. Étant superstitieux quand j'en ai envie, j'ai décidé que c'était là le signe d'une bonne année à venir, année frappée du sceau du onze, mon nombre fétiche.
Le onze doit voir l'avènement de mon torse, et l'évolution de mon être au fil de ce doux poison qu'est la testo.
Pourquoi "doux poison" ?
Parce que j'aime le masochisme prégnant de l'auto-injection, parce que cet envol vers mon moi réel révèle mon plein potentiel agressif, parce que mon impatience et ma misanthropie latente n'ont jamais été aussi fortes, parce que ma voix sombre vers le grave, que j'aime ça, parce que la douce caille mute en connard arrogant et narcissique et que je n'éprouve aucune honte, aucun remord, aucun regret, parce que ces épreuves me rendent plus fort, plus sûr de moi.
Parce que je m'engage dans une lutte dantesque mais que je suis fier de livrer ce combat contre moi-même, et que le jour où je pourrais me fixer dans une glace, droit dans les yeux, droit sur le torse, j'aurai enfin le sentiment d'être complet, de voir ce moi larvaire éclater au profit de ce que je suis réellement.
Je me love dans mon cocon en attendant ce jour. Je fais des projets, je profite du temps qui m'est imparti à faire des choses que j'aime. Plus que tout, je projette. J'ouvre le champ des possibles vers une infinité qui me semblait jusque là inaccessible. Pourtant, je suis le même, mon esprit n'a pas changé, mais aujourd'hui j'ose. J'ose prendre la plume, j'ose dessiner, écrire, plus que jamais la faim me dévore au plus profond de mes tripes. Moi qui craignais que la transition me coupe l'envie de créer, je n'en ai jamais autant eu l'idée, le désir, le besoin.
Depuis que j'ai compris que jamais la transition ne ferait disparaître Monsieur Noir, je m'offre des armes pour combattre d'égal à égal. Ce cancer qui me ronge le cerveau depuis tant d'années, cette gentille dépression sirupeuse qui me lape le cerveau et étouffe chaque pore de ma peau, je sais que j'en serais dépendant toute ma vie.
Aujourd'hui, j'ai choisi d'en faire une force, et c'est la transition qui me le permet.