lundi 22 avril 2013

2 ans et demi... Déjà ?

Et oui, 2 ans et demi que je suis sous testo. J'ai décidé de faire un bilan plus complet que lors de mon T-Birthday. Je vais commencer par un constat physique, puis embrayer avec mon ressenti.
Physiquement, ce qui a changé :
Ma voix : Chose la plus frappante, elle a vraiment baissé et je l'aime beaucoup comme ça. Elle est incontestablement masculine. Je pense que c'est sur ce point que la testo a fait le plus son effet. Le mieux est encore le matin, là j'ai une pure voix de crooner. Elle n'est absolument pas ambiguë, chose que je souhaitais vraiment. Bon, pour le chant, c'est la merde. J'ai vraiment perdu mes facultés et j'ai encore beaucoup de mal à la poser. Même parlée d'ailleurs, j'ai quelques soucis alors j'envisage peut-être un orthophoniste ou autre pour m'aider. Il faut que je me renseigne.
Mes poils : La testo a sacrément stimulé ma pilosité. Pré-T, j'avais un hirsutisme léger. Outre les poils aux mollets et aux aisselles, j'avais un peu de poil sur le ventre (du nombril au pubis) et un peu à l'arrière des cuisses. Avec la testo, j'ai des poils partout sur les jambes (mais pas sur le cul, ouf !) J'ai ai davantage sur le ventre qui est entièrement couvert avec un "Suivez-moi" marqué, et du duvet partout. J'en ai un peu sur le torse, entre les pecs et au-dessus des cicatrices. Au niveau du visage, j'ai un peu de moustache, un peu de bouc, un peu de pattes, mais ce n'est clairement pas une barbe. Si je ne me rase pas, ça fait ado négligé, c'est plutôt moche, mais ça a l'air de se densifier peu à peu. Au départ, je ne voulais pas de poils, mais maintenant qu'ils sont là, je les kiffe bien. Je n'aimerais pas en avoir plus sur le corps, mais par contre, ça me plairait d'avoir un truc qui ressemble à quelque chose sur la tronche, ce qui cassera mon côté androgyne.
La répartition des graisses : C'était un point très attendu, au même titre que la voix. J'ai été plutôt gâté. Outre une grosse perte de poids depuis le début de mon parcours (14kg), mes formes ont changé. Au niveau des cuisses surtout, c'est impressionnant, j'ai des jambes toute fines. Mes bras et mains sont plus secs, j'ai perdu du cul et énormément des hanches. Bon, du coup j'ai davantage de gras sur le bide mais comme j'ai perdu du poids, ça s'équilibre bien. Reste à me motiver à faire un peu de sport et ce sera parfait, ha ! ha !
Le dicklit : Je n'avais pas d'attentes particulières sur ce point. Il faut dire que pendant un bon moment, ça a été un désagrément plus qu'autre chose car il était vraiment très sensible et ça me gênait dans ma vie sexuelle. Puis, avec le temps, il est devenu moins sensible et c'est donc tout bénef. Je m'éclate bien plus au pieu qu'avant la prise d'hormones.
L'acné et les odeurs corporelles : Ben oui, la testo n'a pas que des avantages ! Si j'ai eu une période ado où je sentais franchement le bouc et j'avais plein de boutons, ça s'est bien calmé. J'ai la chance de ne pas puer des pieds (glamour, bonjour !), mais j'ai intérêt à bien me laver sous les bras sinon c'est vite le carnage. Pour ma peau, je pense être entré dans la norme de ma famille, c'est-à-dire condamné à avoir un peu d'acné toute ma vie. Néanmoins, c'est bien plus gérable qu'à une époque et mon traitement quotidien fonctionne bien (huile de noisette après la douche, huile essentielle d'arbre à thé sur les boutons)
Les cheveux : Un point dont on ne parle pas trop, à part pour en évoquer la chute. Mes cheveux ont totalement changé de nature et sont devenus super secs. Ils sont devenus très chiants à entretenir, sachant que je les porte longs (ils m'arrivent en bas des omoplates). Au début du traitement, j'en ai perdu beaucoup, notamment autour du visage parce que je suis passé d'une implantation féminine à une implantation masculine. De fait, j'ai une implantation typique de ma famille avec des golfes assez marqués. Par contre, je touche du bois, pas de calvitie en vue.
Les températures : Avec la testo, on est censés mieux supporter le froid et moins le chaud. Pour ma part, ça n'a pas changé grand'chose. Je suis peut-être un peu moins frileux, ce qui fait que je suis passé de "extrêmement frileux" à "très très frileux". La chaleur, je ne la supportais pas avant, aujourd'hui c'est pareil,n peut-être pire même. Donc bon, sur ce point, je n'ai pas de bol.
Mon torse : J'en parlerai dans une mise à jour avec photos.
Psychologiquement, ce qui a changé :
Etre dans le bon genre : Les doutes que j'ai pu avoir sur le choix de faire une transition ont été anéantis. C'était vraiment la chose à faire. Je ne regrette absolument pas mon parcours.  Le miroir et moi-même ne formont enfin qu'un, ce qui n'était pas le cas avant. Etant ainsi en accord avec moi-même, je suis beaucoup mieux dans mes pompes, beaucoup plus fort, et je me laisse moins marcher sur les pieds.
Etre perçu dans le bon genre : Là, ça se corse. En effet, malgré le traitement et les opé, mon "passing" est aléatoire. J4ai le sentiment que ça s'arrange un peu au fil des mois, mais je n'ai clairement pas un passing à 100%. Ceci étant dit, je ne force pas la masculinité, et j'ai els cheveux long. Je dirais que je me mange à peu près autant de "madame" que n'importe quel gars aux cheveux longs. Au départ, j'ai cherché à lutter contre par mon apparence/mes fringues. Aujourd'hui, je m'en fous un peu parce que j'ai compris que ce n'était pas lié à ma condition d'homme trans, mais bien à celle d'homme androgyne. Il s'agit là de l'esthétique masculine qui me plaît, celle que je cherchais, et même si elle n'est pas facile à vivre au quotidien, je n'y changerai rien. Je ne vous cache pas que les jours où je n'ai pas trop le moral, ça peut être dur à vivre tout de même.
Etre androgyne : Je suis un homme, point. Je ne me pose pas de questions sur mon genre. Par contre, je remets en question les codes du masculin et du féminin dans notre société. Pendant longtemps, j'ai eu envie de bazarder mon placard féminin et de sages conseils m'ont poussé à ne pas le faire. (Je remercie D... pour cela, même s'il en lit pas mon blog, ha ! ha !) Aujourd'hui, je marie les vêtements dits féminins avec ceux masculins sans soucis, voire je mets des robes chez moi. Cela m'amuse et aussi superficiel que cela puisse paraître, l'idée de ne plus porter mes fringues de filles étaient un frein à mon parcours. A présent, je ne me pose plus la question.
Socialement parlant : Je suis bien intégré. J'ai des amis, anciens et nouveaux, je n'ai pas de problèmes à faire de nouvelles rencontres (hormis mon côté casanier, mais ça n'a rien à voir avec la transition). Je me sens épanoui et heureux, malgré mon célibat tout frais. En ce moment, je renoue avec des gens qui m'ont connu avant la transition. Malgré mon long silence, j'ai la joie de les voir revenir vers moi sans porter le moindre jugement.